À quelques heures de la grande marche féministe, un premier front s’ouvrait, en ce matin du vendredi 8 mars, pour la journée internationale des droits de femmes. « Aujourd’hui, ce n’est ni la Saint-Valentin, ni la fête des mères » prévient Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. À l’appel de la Fédération des Ports et Docks CGT, les agents de propreté, un corps de métier féminisé à 67 %, se réunissaient devant le Palais Bourbon, pendant que cinq représentants syndicaux étaient reçus par Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale. Il devait y être notamment question d’une augmentation de la rémunération pour un métier « totalement dévalorisé, invisibilisé, nié » selon Sophie Binet.
« Nos salaires sont précaires » déplore Yasmine, employée depuis vingt-six ans par la société Arc-en-ciel à Marseille. « On est obligé d’avoir trois ou quatre employeurs pour finir le mois », ajoute-t-elle. Comme autre revendication, on trouve celle d’un treizième mois, loin d’être généralisé sur l’ensemble des sites.
Des conditions de travail difficiles
Ces salaires bas s’additionnent à une productivité horaire grandissante. Jeannette Sambo, employée par Europ Next, travaille comme femme de ménage à l’Assemblée nationale. Vivant à Melun, elle raconte le périple quotidien auquel elle est confrontée : « Je me lève tous les matins à quatre heures puis je prends le bus, le train et le métro pour arriver à l’Assemblée à sept heures ». Malgré des injonctions à travailler toujours plus, la plupart de ces salariés le sont à temps partiel. Une norme qui, contrairement à certains récits misogynes, ne correspond pas au souhait de ces travailleuses mais est imposée par les employeurs. « Le fait que les femmes occupent des métiers dévalorisés et à temps partiel est un des principaux facteurs qui expliquent que les femmes sont toujours payées en moyenne 20 % de moins que les hommes » explique Sophie Binet.
La question de la sous-traitance
En attendant le retour des négociateurs du jour, la bonne ambiance règne au milieu des drapeaux rouges et de la musique crachée par une grosse enceinte. Dans le sillage de son travail initié dans son documentaire « Debout les femmes », le député France Insoumise François Ruffin arrive, accompagné de deux femmes de ménage du Palais Bourbon. Selon lui, « relever ces métiers » passe par la question de la sous-traitance. Un sujet que le gouvernement ne semble pas voir.
Dans son discours de politique générale, Gabriel Attal annonce certes que les agents d’entretien dans les administrations pourront travailler en journée s’ils le souhaitaient. « Est-ce du cynisme ou de l’ignorance ? » s’indigne le député, en relevant que la majorité de ces travailleurs sont employés par une société tierce, qui dépend à 25 % des marchés publics. « Il faut une exemplarité sociale » réclame Sophie Binet qui, comme le député LFI, demande l’établissement d’un prix plancher pour les appels d’offres du secteur. « Les donneurs d’ordre publics ont la responsabilité » de cette sous-traitance qui créée de la maltraitance, accuse la patronne de la CGT.
Au moment de rendre compte de leur entrevue avec Yaël Braun-Pivet, les représentants avancent devant la centaine de personnes réunies avec fierté. Si rien n’a été tranché, la présidente de l’Assemblée a « pris note » de ces revendications et a promis de se pencher sur le dossier.