Il y a trois jours, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, donnait « un carton rouge au gouvernement » pour son impréparation à moins de cinq mois des jeux Olympiques 2024. Ce mercredi 6 mars, c’est à la CGT fonction publique d’en rajouter une couche, déplorant l’absence de dialogue social.
« Les JO ne se feront pas sans nous », déclarent unanimement les représentants cégétistes des services de l’État, de la santé et des collectivités territoriales, dans les locaux de leur union fédérale des services publics (UFSE), à Montreuil. Face aux contraintes inévitables que demandent des missions de service public, ils revendiquent des compensations équivalentes. « Il n’y a que le rapport de force qui marche », assume Manuela Dona, secrétaire générale de la CGT douanes, qui a déposé un préavis de grève pour tout l’été.
Prévues par la circulaire Borne du 22 novembre 2023, ces compensations n’ont pas été quantifiées. « Pour le niveau des primes, c’est le flou artistique », considère-t-elle. De son côté, Régis Vieceli, de la CGT déchets et assainissement, indique que des primes sont garanties pour les agents concernés. Encore faut-il être capable de savoir qui sera mobilisé cet été pour ces Jeux.
« Nous n’avons pas les capacités logistiques »
L’événement arrivant à grands pas, le déficit d’organisation paraît bien effrayant. « Nous n’avons pas les capacités logistiques », assure Frédéric Guillot, secrétaire général CGT de la préfecture de police. Alors que le syndicat avait demandé au gouvernement un plan de continuité d’activité, il n’a obtenu comme réponse que la création d’un état-major ad hoc. Mais, encore une fois, impossible de savoir qui aura la charge de quoi. Ce qui pose la question du contenu des missions de service public. À ce sujet, la CGT refuse catégoriquement que l’événement sportif mondial soit utilisé pour les dévoyer.
Les premières indications données par les organisateurs n’ont pas de quoi la rassurer. De nombreux agents comme les douaniers ou les inspecteurs du travail devront, par exemple, être accrédités pour accéder aux lieux de compétition. La lutte contre la fraude et le dopage sera directement assurée par les instances sportives internationales. « Le CIO se positionne au-dessus des fonctions régaliennes », s’offusque Manuela Dona.
Faire plus avec moins
L’absence d’anticipation risque de se répercuter sur les fonctionnaires, notamment sur leur temps de travail. À l’heure des nouvelles coupes budgétaires dans la fonction publique (lire par ailleurs), cette charge supplémentaire ne sera pas compensée par des recrutements. Si les douaniers seront secondés par des stagiaires (ce qui signifie envoyer sur le terrain des novices inexpérimentés en uniforme et armés), les inspecteurs du travail, eux, ne pourront pas compter sur du personnel en plus. Une dérogation au temps de travail a été prise : « inacceptable » pour la cosecrétaire générale de l’UFSE-CGT. Céline Verzeletti prône donc une revalorisation générale des rémunérations et rappelle la journée de mobilisation du 19 mars à l’appel de tous les syndicats de la fonction publique : « Pas de trêve olympique » pour les salaires.