À Mayotte, département le plus pauvre de France, les Mahorais dénoncent l’inaction de l’État face à une insécurité exponentielle et à l’afflux d’une immigration comorienne, mais aussi, depuis trois ans, venue de l’Afrique de l’est.
Depuis le 22 janvier, les Forces vives bloquent les routes pour réclamer des réformes urgentes face à une crise sociale et migratoire sans précédent. Après la visite de Gérald Darmanin sur l’île le 11 février, où en est-on aujourd’hui ?
Aujourd’hui, l’État considère que nous n’avons pas respecté nos engagements. Il était convenu de lever les barrages lors de la visite du ministre de l’Intérieur, mais les négociations n’ont retenu que la question des titres de séjour, alors que celle de la sécurité représente une préoccupation majeure des Mahorais. Garder les barrages, c’est aussi une mesure de sécurité. Les Forces vives occupent les routes, ce qui évite l’augmentation de la violence.
Quelle forme prend cette violence ?
Pour nous, le confinement ne s’est jamais arrêté. Après 18 heures, plus personne n’ose s’aventurer dans les rues. Les plages, les restaurants, c’est du passé. Le matin, pour aller au travail, on doit consulter le site Inforoute. En France hexagonale, ce serait pour s’informer de la circulation. Ici, c’est pour savoir quel trajet prendre pour ne pas être attaqué. Depuis les vacances de décembre, nos enfants ne vont plus à l’école.
Les bandes de bandits ont ciblé les établissements scolaires. Les enseignants ont fui Mayotte. Les lycéens qui peuvent malgré tout étudier rentrent chez eux escortés par la police. Depuis huit mois, le plan blanc a été déclenché dans les hôpitaux. Des équipes du Samu ont été agressées. Là aussi, tous les médecins démissionnent.