Les portes de la vieille Dame de fer sont restées clauses, ce lundi et ce mardi. Les élus CGT et Force ouvrière de la Société d’exploitation de la tour Eiffel (Sete) ont déposé un préavis de grève reconductible pour dénoncer les dysfonctionnements du modèle économique en place. Les salariés avaient déjà lancé un mouvement similaire, à l’appel de l’intersyndicale CGT, le 27 décembre 2023.
Les syndicats dénonçaient alors une « sous-évaluation des budgets travaux » et une « surévaluation des recettes basées sur des objectifs de fréquentation annuelle de 7,4 millions de visiteurs ». L’élément déclencheur de cette nouvelle journée de mobilisation est l’annonce par la Mairie de Paris, propriétaire et actionnaire à 99 % du site, de l’augmentation de 16 à 50 millions d’euros du montant de la redevance qu’elle perçoit.
« Une rentabilité à court terme »
Stéphane Dieu, délégué syndical CGT à la Sete, fait les comptes : « Le Covid a fait perdre au monument 130 millions d’euros de recette issue de la billetterie », la tour Eiffel ayant été fermée pendant près d’un an. « Le budget des travaux de peinture a explosé de plus de 120 millions d’euros, notamment à cause du plomb », explique le syndicaliste, précisant que « seulement 3 % de la structure de la Tour ont été repeints, contre les 15 % préconisés par différentes études ».
Par ailleurs, la société d’exploitation de la tour Eiffel est endettée à hauteur « de 100 millions d’euros », ajoute Stéphane Dieu. À tous ces chiffres, révélateurs d’une santé financière préoccupante, si ce n’est catastrophique, vient donc s’ajouter la nouvelle annonce de la Mairie de Paris : l’augmentation de la redevance perçue par la municipalité. « Ils cherchent une rentabilité à court terme », analyse l’élu CGT.
Les travaux d’entretien et d’exploitation sont pourtant bien en deçà des réels besoins du site, selon les syndicats. Ils mentionnent notamment le besoin de modernisation « des moyens d’ascension » (ascenseurs et monte-charges), expliquant qu’il en va du bon accueil des touristes et du fonctionnement normal du monument.
L’accueil des visiteurs est bien au centre des préoccupations des grévistes : « Ça ne nous amuse pas de devoir fermer la tour Eiffel, mais on le fait pour pouvoir accueillir les touristes dignement », regrette Stéphane Dieu.
À propos des jeux Olympiques, les syndicats n’excluent pas la possibilité de devoir fermer l’édifice : « On essaye d’avoir des informations depuis dix-huit mois, d’anticiper au plus tôt, de négocier, mais les discussions tournent toujours court », déplore le syndicaliste.