Eugénie Bastié, chroniqueuse au Figaro, titre ainsi, en forme de question, sa tribune de jeudi : « Robinson Crusoé est-il un odieux capitaliste raciste ? » Elle entend répondre à un livre de l’historienne Sylvie Laurent, Capital et race : histoire d’une hydre moderne (le Seuil), pour qui le héros de Daniel Defoe est une « parabole du capitalisme racial ».
Eh bien, c’est vrai. Quand il fait naufrage, Robinson est en route pour acheter des « nègres ». Quand, dans son île où il parvient à se construire son domaine, il sauve Vendredi, il raconte : « Il embrassa le sol, il prit mon pied qu’il posa sur sa tête et je compris qu’il voulait être mon esclave. » Il veut en faire un bon chrétien mais jamais il ne le considérera comme un alter ego.
Robinson est effectivement le reflet et la parabole de la bourgeoisie du XVIIIe siècle qui arrive sur le devant de la scène, entreprenante, capitaliste et, souvent, esclavagiste. Cela n’empêche en rien de lire le livre avec sa profondeur historique et parce que le personnage de Daniel Defoe n’est pas que cela. Odieux, c’est Eugénie Bastié qui le dit.