Toujours la même rengaine. À l’heure de fustiger les grèves, la droite ne fait pas dans l’originalité : « Prise d’otage ! » crient en chœur le président LR, Éric Ciotti, et Gérard Larcher, président du Sénat. À l’aube de la mobilisation des cheminots, le gouvernement aussi s’attaque au droit de grève. Le premier ministre en tête, non sans démagogie : « Je pense évidemment aux Français. (…) Ils savent que la grève est un droit mais je pense qu’ils savent aussi que travailler, c’est un devoir. Notamment quand des Français qui travaillent toute l’année, pour quelques jours, veulent pouvoir retrouver leur famille, leurs proches », a déclaré Gabriel Attal mercredi.
Une volonté de légiférer pour limiter la grève ?
C’est ce que veulent les sénateurs UDI. Mercredi, ils ont ainsi déposé une proposition de loi visant à « encadrer » ce droit constitutionnel et fondamental. « On n’interdit pas aux syndicalistes de faire grève, on essaie de protéger les Français contre une prise en otage excessive et répétée », se défend l’un de ses signataires, Hervé Marseille, patron de l’UDI.
Inspiré d’une loi italienne, son texte vise à empêcher les professionnels du transport de débrayer en période de vacances scolaires. Si la loi venait à passer, ceux-ci ne pourraient donc pas poser de préavis de grève sur des périodes de quinze jours, prédéfinies à l’avance, pour un total de soixante jours par an. En 2020 déjà, la droite sénatoriale avait fait adopter un texte visant à « assurer l’effectivité du droit au transport », retoqué par l’Assemblée nationale.
En clair, les droites ne sont pas forcément contre les grèves, pourvu qu’elles n’aient aucune conséquence. Le tout en cherchant à diviser. En mettant en avant les salaires des contrôleurs, comme le font BFMTV depuis mercredi ou l’infatigable Pascal Praud réservant son « coup de gueule » à « des privilégiés ».
Ou en tapant sur le droit de grève au nom du droit aux vacances. « Pendant (celles) de février, il y a 70 % des Français qui ne partent pas en vacances parce qu’ils n’ont pas les moyens. Ce n’est pas la responsabilité des cheminots, ce sont les politiques libérales qui sont menées qui font que les gens n’ont pas les moyens de partir », a rappelé sur BFMTV le député insoumis Thomas Portes.