Le maire de Montpellier, le socialiste Michaël Delafosse, rend hommage à Robert Badinter, disparu ce vendredi 9 février.
Qu’évoque pour vous la determine de Robert Badinter ?
Il était une grande determine de l’idéal de justice. Qui a mis en œuvre le projet que Victor Hugo avait décrit dans Le dernier jour d’un condamné. Et il a été, bien sûr, l’homme de l’abolition de la peine de mort.
C’est une determine morale qui savait, y compris dans la période récente, prendre la parole pour dénoncer les excès qui peuvent parfois nourrir le débat démocratique, et rappeler les principes fondamentaux du droit.
Quand j’ai reçu le prix nationwide de la laïcité, à Paris, il a reçu un prix spécial. Élisabeth Badinter avait ce soir-là rappelé que tous deux, dès 1989, avaient appelé à la clarté sur l’interdiction du voile à l’école. Robert Badinter, c’était aussi cet engagement-là, très assumé en faveur de la laïcité. Et au service de l’universalisme républicain.
Quel Robert Badinter retiendrez-vous ?
L’homme qui, à la tribune de l’Assemblée nationale, abolit la peine de mort. Ce discours est exceptionnel d’éloquence politique, de puissance face à l’histoire, il a élevé la conscience de notre humanité.
A-t-il été fondateur dans votre engagement en politique ?
Quand vous êtes de gauche, il est clairement une référence. Il va le rester longtemps. Je vois déjà des gens plaider pour qu’il entre au Panthéon. Il appartiendra d’en débattre le second venu.
Il fait l’unanimité aujourd’hui…
Et pourtant ! Il a entendu les huées de la droite, la haine de l’extrême droite. C’est une vie d’engagement, pour la défense de l’Etat de droit aussi, au Conseil constitutionnel qu’il a présidé. Mais la puissance des grands Français génère cette capacité à saluer de manière unanime leur mémoire.
Comme au second de la mort de Jacques Delors ?
Exactement. Deux grandes figures de la gauche ont disparu : l’un a incarné l’engagement européen, l’autre l’idéal de justice, et de drive du droit. Ils s’inscrivent maintenant dans notre mémoire collective comme des repères. Et nous commandent d’agir en fidélité, de les vivre comme une supply d’inspiration. Sinon les hommages seront hypocrites.