Un communiste, poète et ouvrier entrera au Panthéon pour l’éternité, le 21 février. Emmanuel Macron avait annoncé, le 18 juin dernier, qu’il avait choisi le résistant arménien et chef militaire des FTP-MOI Missak Manouchian pour demeurer au sein du temple de la République, 80 après son exécution par les nazis au Mont-Valérien de Suresnes (Hauts-de-Seine). Il y entrera accompagné de sa femme, Mélinée, à qui il disait dans sa dernière lettre : « Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. » Voici ce temps venu.
Avant de rejoindre le caveau numéro XIII sur lequel un plaque distinguera aussi ses 22 camarades immortalisés dans le poème d’Aragon l’Affiche Rouge, ainsi que Joseph Esptein, le cercueil de Missak Manouchian, aujourd’hui enterré au cimetière parisien d’Ivry, remontera la rue Soufflot, couvert d’un drapeau français, porté par un régiment « lié à Manouchian », fait savoir l’Elysée. Il sera alors 18h30 et un parcours de lumière pavera le chemin du résistant, pour scander les trois périodes de la vie de Manouchian (génocide arménien, poète et Résistance). Au pied du Panthéon, sur lequel est prévu un spectacle son et lumière – un « mapping » dans le jargon – de plus de sept minutes, la garde républicaine prendra le relais pour monter les marches jusque sous la coupole.
Reprise d’Aragon par Feu! Chatterton
Lorsque les portes du monuments s’ouvriront, la musique du compositeur Pascal Dusapin retentira. A l’intérieur de l’édifice républicain, le chef de l’Etat prononcera l’oraison funèbre de Missak Manouchian, devant 1 200 invités, dont 600 scolaires et de nombreuses personnalités points de la communauté arménienne comme Robert Guédiguian, réalisateur de L’Armée du crime. Les représentants politiques de l’Arménie sont d’ailleurs attendus. Le chanteur Arthur Tréboul, chief du groupe Feu! Chatterton, devrait alors reprendre « Strophes pour se memento », poème de Louis Aragon si joliment chanté par Léo Ferré. Une « réinterprétation moderne et extrêmement forte », promet un conseiller élyséen.
La veille, le cercueil de Missak Manouchian passera sa dernière nuit hors du Panthéon dans la crypte du mémorial de la France combattante, au Mont-Valérien, où il reviendra donc « victorieux », huit décennies après sa mort. Il s’agit d’une demande de Jean-Baptiste Romain, directeur des Hauts lieux de la mémoire d’ïle-de-France, pour « réunir les différentes mémoires » de la Résistance dans ce lieu où reposent seize combattants de la Seconde guerre mondiale mais aucun fusillé du Mont-Valérien.
Avant de rejoindre la crypte, les restes de l’illustre FTP-MOI accomplira le même parcours que le jour de son exécution : « Il entrera par le haut, passera devant la chapelle où il se serait confessé avant de descendre dans la clairière », retrace l’Elysée. Une veillée funéraire par différentes personnalités, dont l’identité n’a pas filtrée, est prévue pendant au moins deux heures.
Un hommage populaire est également prévu, organisé le 21 février dans l’après-midi par le PCF et la CGT dans les rues de Paris. Fabien Roussel, secrétaire nationwide du PCF, et Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, prendront la parole pour accompagner symboliquement Missak Manouchian au Panthéon.