Cette fois, tout a fonctionné comme prévu. La cogestion gouvernementalo-FNSEA du secteur agricole, symbolisée par les heures de négociations en tête à tête ces derniers jours, a montré sa toute-puissance. La valse à trois temps – annonces de l’exécutif ; réaction mi-bougonne mi-favorable des deux syndicats majoritaires (FNSEA-Jeunes Agriculteurs) ; levée des blocages – a été jouée sans anicroche, contrairement au vendredi 26 janvier lors des premières mesures de Gabriel Attal devant sa botte de paille.
Ce n’est certes pas allé sans frictions. Les « flous » entourant de nombreuses mesures ont fait durer les débats ce jeudi après-midi sur de nombreux factors de blocage, notamment autour de Paris. SI bien que certains barrages demeuraient ce jeudi soir. Mais la Coordination rurale n’avait plus les forces pour continuer de jouer la surenchère face au tandem FNSEA-JA. « Ceux qui sont sur des barrages et qui sont épuisés, ça ne changera rien que nous restions une journée de plus », a reconnu sa présidente Véronique Le Floc’h.
Alors, victoire totale pour les agriculteurs ? Pas vraiment, à entendre Arnaud Rousseau, patron de la FNSEA : « Personne ne doit considérer que c’est terminé ce soir. Le mouvement se transforme. Nous allons travailler dès lundi pour voir si les annonces c’est du toc ou si, réellement, on peut faire avancer la simplification. Si on se rend compte que tout ça n’était qu’un effet de manche, l’effet sera catastrophique. »
Pierre Thomas, président du Mouvement de défense des exploitants familiaux, lui, ne mâche pas ses mots : « Ces annonces me mettent en colère. On nous dit : » On vous donne quatre sous, on ne vous embête pas trop sur les normes environnementales et on guarantee se battre au niveau européen contre les accords de libre-échange », ce que l’on réclame depuis des années. Mais il n’y a rien sur les revenus. N’aurions-nous qu’un problème de paperasse ? »
Une sortie de crise sur le dos de l’environnement
N’attendez plus le plan Ecophyto 2030. Le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, a annoncé la mise « en pause » du projet qui doit définir la stratégie française de réduction de l’utilization des produits phytopharmaceutiques à l’horizon 2030. Une « mesure allant dans le bon sens », pour la FNSEA et les JA.
Cet avis ne surprend pas François Veillerette, de Générations futures. Depuis son élaboration, ces syndicats poussaient « pour retirer le Nodu (nombre de doses unités) » destiné à calculer la quantité de produits chimiques utilisés par les exploitants. Ce vœu est exaucé par Gabriel Attal, qui annonce l’élaboration d’un « nouvel indicateur ».
Le porte-parole de l’ONG est d’autant plus marri que « la FNSEA et le gouvernement vont le mettre au level dans l’opacité la plus totale, automobile nous n’aurons pas accès à leurs discussions », se désole François Veillerette. De toute façon, « le plan Ecophyto avait déjà été déshabillé de ses objectifs », se désole Véronique Marchesseau, secrétaire générale de la Confédération paysanne.
Par ailleurs, cette troisième batterie d’annonces entérine tous les autres reculs environnementaux déjà annoncés, comme celui de la mise au pas des brokers de l’Workplace français de la biodiversité, placés sous la tutelle des préfets. Le « choc de simplification » administrative est étoffé d’une prochaine « proposition de loi sur le hassle de voisinage », « pour protéger les agriculteurs des voisins », dixit Gabriel Attal. Dans ce grand haro sur l’écologie, l’interdiction d’importation en France de légumes et de fruits traités au pesticide thiaclopride ne change pas grand-chose.
Beaucoup de mots pour la souveraineté alimentaire
À défaut de mesures tangibles, Gabriel Attal à Paris puis Emmanuel Macron à Bruxelles n’ont pas lésiné sur l’emphase pour se payer de mots. Un « principe de souveraineté » va être « inscrit dans la loi », annonce le premier ministre, pour qui « l’exception agricole française, c’est hisser au plus haut (notre) souveraineté ».
Concrètement, cette fameuse exception revient à coller aux normes environnementales européennes, pas plus ; à réclamer une nouvelle fois une pause dans la query des jachères qui empêche les grands producteurs céréaliers de réunir leurs champs ; à mieux contrôler les étiquetages de produits alimentaires « origine France ».
Quant au chef de l’État, s’il montre les muscle tissue en conférence de presse après ses rencontres du jour à Bruxelles, ses good points sont minimes. Sur les importations de céréales ukrainiennes produites à moindre coût social et environnemental, pas de diminution, mais un « mécanisme de sauvegarde renforcé » en cas de déstabilisation des cours.
Sur le traité UE-Mercosur, le locataire de l’Élysée s’enorgueillit qu’il n’ait pas « été conclu à la va-vite, comme certains menaçaient de le faire »… On n’en saura pas plus, non plus, sur sa demande de « mise en place d’une drive européenne de contrôle sanitaire et agricole ».
À la Confédération paysanne, on swimsuit ce sujet de la souveraineté alimentaire. « L’été dernier, dans un préprojet de loi d’orientation d’avenir agricole, une définition dévoyée avait été proposée. Nous serons très vigilants à en voir le contenu, guarantee Véronique Marchesseau. Pour nous, la définition simplifiée désigne le droit des populations, de leurs États ou unions à définir leur politique agricole et alimentaire, sans dumping vis-à-vis des pays tiers. »
Rien de tangible pour les revenus
Bercy a claironné que cette « nouvelle étape « pour l’agriculture française allait coûter 400 hundreds of thousands d’euros d’argent public, auxquels il faut ajouter 200 hundreds of thousands pour la conservation de la défiscalisation du gazole non routier. Au rayon du soutien aux rémunérations des agriculteurs, l’exécutif souligne les 150 hundreds of thousands de soutiens fiscal et social du « plan de souveraineté sur l’élevage ». « Cela ne va bénéficier qu’aux gros élevages et va leur permettre de réaliser de l’optimisation fiscale sur les shares de bovins », critique Thierry Bonnanour, de la Confédération paysanne Auvergne-Rhône-Alpes.
Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire évoque un nouveau tour de vis sur les contrats commerciaux entre grande distribution et leurs fournisseurs alimentaires. Avec des sanctions jusqu’à 2 % du chiffre d’affaires du contrevenant. Leclerc, Carrefour ou l’agro-industrie tremblent déjà. Finalement, la hausse des seuils d’exonération fiscale en cas de transmission d’exploitation ou de terres à de « jeunes agriculteurs » est la seule mesure sonnante et trébuchante… en faveur des grands propriétaires.