L’exécutif est inquiet face aux manifestations d’agriculteurs qui se multiplient. L’absence de revendications fortes, leur side protéiforme, place le gouvernement dans une deadlock d’autant que l’Élysée ne peut pas totalement renoncer à ses engagements en matière d’environnement.
Peut-être atteint-on, cette fois, les limites du “en même temps”… Donner des gages aux agriculteurs tout en respectant le discours sur l’environnement porté par le candidat Macron, c’est le problème que tentent de résoudre, depuis vendredi, les têtes pensantes de l’exécutif.
Et il relève de la quadrature du cercle. Lundi, certains députés macronistes y croyaient encore… “Les agriculteurs demandent surtout des preuves d’amour mais ces preuves ne veulent pas dire renoncer à l’écologie”, nous expliquait un pilier du groupe Renaissance à l’Assemblée qui assurait, très sûr de lui, “c’est regular que les agriculteurs demandent des retenues d’eau pour irriguer durant les périodes de sécheresse, mais ce ne sont pas forcément des méga bassines”.
Patatras, une heure plus tard, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, en déplacement en Vendée, annonçait sa volonté d’accélérer la development de mégas bassines… Plus query de conditionner la development de ces ouvrages à “des changements de pratiques significatifs et individualisés, notamment des économies d’eau, la réduction de pesticides”, comme le souhaitait, le 30 mars dernier, le chef de l’État lors de son discours au lac de Serre-Ponçon.
La majorité dans le flou
Si l’exécutif est ainsi prêt à renoncer à certains engagements pris par Emmanuel Macron c’est parce que la colère des agriculteurs l’inquiète au plus haut level. “Il y a un vrai risque de cristallisation voire de propagation automobile les protestations sont très protéiformes. On ne sait pas très bien remark y répondre”, s’inquiétait lundi un député Renaissance.
Et le même d’énumérer : “D’un côté on a les viticulteurs qui ne vendent plus assez de vin parce que les jeunes n’en boivent plus, de l’autre ceux qui dénoncent le prix du lait ou encore les retards dans le versement des aides européennes”…
En gros, on doit dire que l’on comprend la colère et que l’on a déjà fait plein de trucs pour les agriculteurs
Tout en parlant, l’élu brandit son moveable: “L’Élysée et Matignon nous ont envoyé des éléments de langage assez flous. En gros, on doit dire que l’on comprend la colère et que l’on a déjà fait plein de trucs pour les agriculteurs”.
Autre sujet d’inquiétude, l’augmentation du prix de l’électricité annoncée dimanche soir par Bruno Le Maire qui pourrait jeter de l’huile sur le feu. “10% d’augmentation sur une exploitation, ça nous impacte directement sur nos revenus”, assurait lundi un agriculteur à BFMTV.
“Agriculture et électricité”, c’est vraiment un sale combo. On risque le dérapage”, grommelait lundi un député.
Crainte d’une Gilet “jaunisation”
Preuve de la fébrilité du gouvernement, Gérald Darmanin a assuré lors d’une conférence de presse qu’il n’est «pas prévu d’évacuations par les forces de l’ordre» des agriculteurs manifestant sur l’A64.
“Ce sont les consignes que j’ai données aux préfets et au directeur général de la gendarmerie, puisqu’il n’y a pas de dégradation sur ce website”, a-t-il développé. Il a toutefois posé une limite à ces actions et demandé aux agriculteurs de “respecter le droit commun”.
Les préfets au contact
Autre signe de la fébrilité du gouvernement, “le président de la République a demandé au ministre de l’Intérieur de donner instruction aux préfets d’aller dès ce week-end à la rencontre des agriculteurs et de leurs organisations représentatives”, a indiqué l’Élysée.
Pas query de se laisser déborder comme au début du mouvement des “gilets jaunes”. D’autant, nous explique un élu macroniste, que “cette crise ressemble beaucoup à celle de novembre 2018. Elle exprime un mal-être, un sentiment de déclassement, sans véritable revendication forte”.