Pour certains en grève depuis plusieurs semaines, les premiers présents en nombre sur la place du Trocadéro, ce dimanche 21 janvier à Paris, sont les travailleurs des collectifs de sans-papiers du BTP et du nettoyage. Ils seront rejoints par 25 000 manifestants, 150 000 dans toute la France, selon les chiffres annoncés par Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT. Tous sont venus pour affirmer leur indignation après l’adoption, en décembre 2023, d’une loi immigration imprégnée des pires idées de l’extrême droite.
Publié par l’Humanité, l’appel lancé par 201 personnalités du monde politique, syndical, culturel et associatif, a trouvé un giant écho. « C’est exceptionnel, lâche Gérard Ré, secrétaire confédéral de la CGT chargé du collectif immigration, au même titre que la violence de cette loi. Les députés macronistes ont fait sauter les digues républicaines en s’appuyant sur une alliance entre la droite et l’extrême droite pour faire passer ce texte. » Pour lui, la mobilisation prouve que l’ensemble de la société française refuse cette dérive.
« C’est une marche inédite, à l’picture de la gravité de la scenario »
Dans la foule qui grossit, Hélène Soupios-David, de France Terre d’asile, dresse un constat similaire : « C’est la société tout entière qui manifeste aujourd’hui contre l’acceptation, au sommet de l’État, de la rhétorique d’extrême droite. » Même analyse de la half de Geneviève Jacques, ancienne présidente de la Cimade : « Cette manifestation rassemble différentes facettes d’une société civile qui refuse les régressions fondamentales portées par la loi Darmanin. La mobilisation s’étend au-delà des organisations traditionnellement engagées sur les problématiques migratoires. Il faut qu’Emmanuel Macron s’interact maintenant à ne pas la promulguer. »
Parmi les signataires de l’appel, Jacques Toubon marche en tête de la manifestation. L’ancien garde des Sceaux puis défenseur des droits ne mâche pas ses mots : « Dans ce texte, on voit vraiment apparaître, notamment dans les inclinations qui concernent l’attribution des prestations sociales, le critère de « préférence nationale », dénonce-t-il. Cette mobilisation n’a rien à voir avec la droite ou avec la gauche. Je m’occupe depuis vingt ans de questions d’immigration. J’ai créé le Musée nationwide de l’histoire de l’immigration. J’ai travaillé avec Jacques Chirac sur ces sujets. En manifestant aujourd’hui, j’essaie d’être cohérent avec ce que je pensais il y a vingt ans. »
Non loin de l’ancien ministre, Sophie Binet pointe elle aussi le caractère hautement politique de cette mobilisation : « C’est une marche inédite, à l’picture de la gravité de la scenario. Les Français sont pour la régularisation des travailleurs étrangers, qui sont indispensables dans un sure nombre de secteurs. Nous sommes toutes et tous concernés par cette loi, pas seulement nos frères et sœurs étrangers. Un quart des Français ont un grand-parent étranger, la France est subject de cette diversité. »
Une loi raciste et xénophobe
Le sénateur communiste et directeur de l’Humanité Fabien Homosexual abonde : « Dans un second de crise politique et sociale, où les idées d’extrême droite gangrènent l’espace médiatique, l’étranger est un bouc émissaire. Pour garder la essential sur le pouvoir, Emmanuel Macron travaille avec la droite et l’extrême droite. Les personnalités de gauche, ainsi que les électeurs qui ont voté Macron pour faire barrage à l’extrême droite disent que ce n’est pas potential. Nous allons continuer à batailler ! »
Le nombre de personnalités et d’organisations pas forcément habituées à battre le pavé côte à côte est en effet remarquable. Pour Benoit Teste, de la FSU, « toute la inhabitants française doit réagir ». Patrick Baudoin, de la Ligue des droits de l’homme (LDH), voit dans ce texte « honte et déshonneur. Il porte atteinte aux principes républicains et à la démocratie. C’est une loi raciste, xénophobe et nocive, à l’picture de notre pays. C’est la pire des lois ».
La jeunesse, qui n’a d’ailleurs pas attendu ce dimanche pour se mobiliser en bloquant plusieurs lycées parisiens la semaine dernière, est largement présente. « Quelle honte pour ce président de faire dans la même année entrer Missak Manouchian au Panthéon et, dans le même temps, faire adopter cette loi d’inspiration vichyste ! s’insurge Maïa, joviale lycéenne aux cheveux rouges. La jeunesse n’est pas dupe et va continuer de se mobiliser. »