À peine nommé ministre de l’Training nationale dans le gouvernement de Lionel Jospin en 1997, Claude Allègre avait mis le feu, notamment chez les enseignants.
S’il est un ministre de l’Éducation récent qui a marqué sa prise de fonction d’une déclaration tonitruante, c‘est vers Vincent Peillon, premier occupant du poste rue de Grenelle sous la présidence de François Hollande, qu’il faut se tourner.
En effet, le 17 mai 2012, au lendemain de sa nomination, il annonçait sa volonté de mettre fin à la semaine de quatre jours, et, partant, le retour à une semaine de quatre jours et demi. Pas un propos tiède, donc, mais rien, en tout cas, qui ne relève d’un discours que des salariés de l’éducation nationale, dans le secteur public notamment, auraient pu juger indigne, ou insultant.
En période de cohabitation
Il n’en était pas allé tout à fait de même quelques années plus tôt sous un autre gouvernement de gauche. Soit le premier gouvernement de Lionel Jospin Premier ministre, en période de cohabitation avec Jacques Chirac à l’Élysée, dans lequel Claude Allègre est nommé, le 2 juin 1997, ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie.
“Il faut dégraisser le mammouth”
Universitaire, géophysicien, tête de liste de la gauche aux élections régionales de 1992 en Languedoc-Roussillon (Jacques Blanc l’emporta), Claude Allègre (qui a par ailleurs des attaches paternelles à Prades-le-Lez et maternelles à Ceilhes, entre l’Hérault et Aveyron), lâchait au bout de trois semaines une phrase sur l’Éducation nationale qui allait rester célèbre et mettre le feu aux poudres : “Il faut dégraisser le mammouth”.
Le level de départ d’un lengthy conflit avec les enseignants, agrémentée d’autres phrases chocs.
“Les enseignants ont quatre mois de vacances et, en plus, ils prennent leurs congés formation sur la scolarité” balança-t-il par exemple, assimilant aussi peu ou prou l’Éducation nationale “l’armée rouge”. Sans oublier les chiffres contestés et jugés bien trop élevés qu’il avait avancés pour stigmatiser… le taux d’absentéisme des enseignants, un sujet qui entre en résonance avec l’actualité relative aux propos d’Amélie Oudéa-Castera.
Jack Lang lui succède
Des paroles qui ne firent qu’exacerber l’ire des syndicats à son encontre, déjà hostiles à plusieurs de ses réformes. Manifestations et grèves se sont enchaînées jusqu’à ce que l’inéluctable survienne : le 25 mars 2000, Lionel Jospin demandait à Claude Allègre de remettre sa démission.
Et c’est finalement Jack Lang qui succédera à Claude Allègre. Ce dernier prêtera ultérieurement le flanc à des polémiques supplémentaires, mais sur un autre entrance. En affichant cette fois des positions climatosceptiques.
N’oublions pas non plus qu’avant Amélie Oudéa-Castera plusieurs ministres de l’Training ont eu à se justifier d’avoir un ou plusieurs enfants dans le privé. Il en est allé ainsi pour Pap Ndiaye, Jean-Michel Blanquer, Luc Chatel, Luc Ferry, ou François Bayrou.