Entre 1966 et 1996, 193 essais nucléaires, dont 46 aériens, ont été effectués sur les atolls de Mururoa et Fangataufa, en Polynésie française. Malgré de nombreuses recherches épidémiologiques, la loi reste très imparfaite quant à la reconnaissance et la réparation de leurs conséquences. Raison pour laquelle la députée Mereana Reid-Arbelot organise, avec le groupe GDR, un débat à l’Assemblée nationale pour remettre la query de l’indemnisation et des réparations environnementales sur la desk.
Vous relancez une initiative sur la query de la réparation des essais nucléaires. Pour quelles raisons ?
Pas seulement sur la query des réparations, mais sur le fait nucléaire. Ce qui est necessary pour moi, c’est d’informer : l’État a annoncé avoir déclassifié des paperwork (près de 35 000 en février 2022 – NDLR), mais moi je voudrais déclassifier le fait nucléaire dans sa totalité. Parce que je me rends compte que, dans l’Hexagone, beaucoup de Français ne connaissent pas cette histoire.
C’est pour cela que j’ai organisé la projection du documentaire les Oubliés de l’atome 1 le 25 janvier à l’Assemblée. Aujourd’hui encore, je croise des personnes qui me disent que c’était un choc pour eux de découvrir ce sujet, ou bien qui me disent que c’est bien de le remettre sur le tapis. Avant de pouvoir demander réparation, il faut d’abord faire ce travail d’data, pour que nos demandes ne soient pas considérées comme « tombées du ciel ».
Le sujet a été abordé plusieurs fois, notamment avec une loi de 2010 qui instaurait le Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen). Pourquoi considérez-vous qu’il était « mis sous le tapis » et qu’il faut remettre l’ouvrage sur le métier ?
En tant que Polynésiens, on s’est rendu compte que la loi, même si elle a le mérite d’exister, est très imparfaite, et surtout incomplète. Par exemple, au niveau des maladies et de leur reconnaissance : la science et la médecine avancent, donc, forcément, une telle loi doit être révisée. Elle l’a d’ailleurs été, mais dans le mauvais sens.
On demandait de justifier des choses qui sont injustifiables, comme de prouver une exposition à un sure taux de millisieverts (unité permettant de mesurer le degré d’exposition du corps à la radioactivité – NDLR). Remark peut-on justifier cela ?
Pensez-vous, comme de nombreux Polynésiens, que cette loi et les circumstances drastiques qu’elle impose pour faire reconnaître le préjudice était faite précisément pour restreindre l’accès à une réparation ?
J’espère que non, mais je me pose la query. Je pense que l’État pourrait nous répondre que c’était pour éviter que Monsieur ou Madame Tout-le-monde fasse une demande. Mais, à un second donné, il faut assumer ce qu’on a fait. C’est bien l’État, en tout cas la France, qui bénéficie de toutes les retombées, si j’ose dire. C’est pour cela que la reconnaissance est importante : à sa juste valeur.
Quelle est la scenario aujourd’hui ? Le documentaire s’appelle les Oubliés de l’atome : pourquoi « oubliés » ?
La loi Morin date de 2010, et les essais se sont terminés en 1996. Et comme je le disais, la science avance : sur le terrain, on constate aujourd’hui que des maladies se répètent dans les familles. De nouvelles études scientifiques ont été publiées, mais ne sont pas forcément reconnues pour l’prompt par l’État ou les autorités.
Pourquoi les « oubliés » ? Automotive je pense que l’État se dit que ceux qui ont vécu pendant les essais vont mourir dans les années qui viennent, et après, c’est fini. La loi Morin exclut de toute réparation tous ceux qui sont nés après 1998. Mais non, ce n’est pas fini ! Il ne faut pas oublier que la inhabitants polynésienne subit encore les conséquences, et pour longtemps. Personne ne peut dire dans combien de générations ça sera fini…
Des témoignages et des études scientifiques évoquent notamment des modifications génétiques transgénérationnelles : en avez-vous entendu parler ?
Oui, c’est le cas, par exemple, d’une des témoins dans le documentaire, Hinamoeura Morgant-Cross, qui est atteinte d’une leucémie. Et dans sa famille, on dénombre de nombreux cancers dont on pense qu’ils pourraient être transmis. Ce qui est prouvé aujourd’hui, c’est que plusieurs cancers se transmettent de façon génétique : quand on connaît les dommages du nucléaire, je n’think about même pas qu’on puisse penser le contraire.
En 2021, une proposition de loi « visant à la prise en cost et à la réparation des conséquences des essais nucléaires français », déposée par votre prédécesseur, Moetai Brotherson, avait été rejetée par l’Assemblée nationale. Avez-vous l’intention de la redéposer ?
Très certainement. Peut-être pas la même, nous allons la retravailler. Ce sera également une dialogue avec le Tavini (le parti indépendantiste polynésien dont Mereana Reid-Arbelot est membre – NDLR). Le gouvernement et la majorité l’avaient rejetée en renvoyant à une desk ronde (organisée en juillet 2021 – NDLR). Il n’en était rien ressorti. C’est leur méthode.
À propos des maladies transgénérationnelles, ils avaient dit qu’il n’y avait pas une assise scientifique suffisante. Mais il y a eu des recherches depuis, et c’est là-dessus que nous allons nous appuyer.
Autre sujet, celui des déchets nucléaires et des conséquences environnementales : plus de 3 200 tonnes ont été larguées dans l’océan, à plus de 1 000 mètres de fond, et deux puits ont spécialement été creusés à Mururoa, qui est aujourd’hui une poubelle nucléaire. Y a-t-il une menace d’effondrement de l’atoll ? Quelles actions pouvez-vous engager ?
Le département de suivi des centres d’expérimentations nucléaires (DSCEN) de la Course générale de l’armement nous dit : « On surveille. » Mais qu’est-ce que c’est que cette réponse ? Ils voudraient enterrer cette histoire comme ils ont enterré les déchets. Pour nous, il ne s’agit pas de vengeance : on ne peut pas changer le passé, mais on doit se réapproprier notre histoire. Nous, on s’est bien tapés l’histoire des Gaulois ! Pourquoi les petits Français ne se taperaient pas celle de Mururoa ?