La liste des ministres annoncée jeudi soir par le secrétaire général de l’Élysée compte quelques surprises comme la nomination de Rachida Dati à la Tradition mais surtout elle indique un très internet recentrage à droite et la quasi-disparition de l’aile gauche de la macronie.
Ce ne sera pas le grand chambardement annoncé. Après l’effet “waouh” provoqué par la nomination de Gabriel Attal à Matignon, le chef de l’État a finalement joué la stabilité concernant les grands ministères.
Les ténors restent à leur place. Avec Gérald Darmanin à l’Intérieur, Bruno Le Maire à l’Économie, Éric Dupond-Moretti à la justice et Sébastien Lecornu aux Armées, le Président garde au gouvernement des gens d’expérience en qui il a confiance.
Un vivier peu fourni
Il faut dire que le vivier d’Emmanuel Macron pour ces postes sensibles n’était pas très fourni. On se souvient les difficultés pour remplacer Gérard Collomb lorsque celui-ci avait claqué la porte de la place Beauvau.
Édouard Philippe avait dû, quelques semaines durant, assurer l’intérim avant d’être remplacé par Christophe Castaner qui n’a pas donné entière satisfaction durant la crise des Gilets jaunes.
Garder Gérald Darmanin, c’est donc l’assurance d’avoir en poste à l’approche des Jeux Olympiques quelqu’un qui connaît ses dossiers. Stéphane Séjourné qui entre aux Affaires étrangères est aussi un fidèle, ancien conseiller d’Emmanuel Macron et patron du parti présidentiel.
Les femmes en query
L’une des problématiques de ce remaniement était la query des femmes, là encore, le vivier macroniste n’était pas extrêmement fourni, il a donc fallu aller chercher ailleurs. La nomination de Rachida Dati est la plus grande shock de ce remaniement pour plusieurs raisons.
Parce qu’elle vient des LR, parce qu’elle est mise en examen et parce que c’est un fort caractère, très politique voire parfois sulfureuse, ce que le Président n’apprécie pas toujours.
Shock et polémique
Mais un proche d’Emmanuel Macron nous assurait cette semaine que le chef de l’État garderait la haute important sur ce ministère. Autre grande shock, déjà polémique, la nomination de la ministre des Sports activities Amélie Oudéa-Castéra à la tête d’un tremendous ministère de l’Éducation nationale.
Après le bon accueil réservé à Gabriel Attal par les syndicats enseignants, l’ancienne championne de tennis pourrait avoir plus de mal à s’imposer. Mais là encore, la ministre pourrait être cornaquée. Gabriel Attal a indiqué vouloir cogérer ce maroquin…
Enfin la nomination de Catherine Vautrin pose, elle aussi, query, mais cette fois plutôt par le contour de son portefeuille qui inclut le Travail et la Santé alors que cette dernière thématique avait été présentée comme l’une des priorités absolues du quinquennat.
Exit les frondeurs
Le profil des sortants en dit aussi beaucoup sur la suite du quinquennat. Ce sont presque tous des anciens du PS. Parmi les frondeurs, Sylvie Retailleau sauve sa tête au ministère de la Recherche, mais le ministre des Transports Clément Beaune ne sera pas reconduit.
Olivier Véran et Olivier Dussopt vont aussi faire leurs cartons de même que la ministre de la Tradition Rima Abdul Malak. Exit l’aile gauche de la macronie qui n’est désormais représentée que par le seul Stéphane Séjourné.
Olivier Véran est pressenti pour conduire la liste de la majorité aux européennes.
Bayrou furieux
Ceux qui nous assuraient, cette semaine, qu’Emmanuel Macron allait se recentrer sur ses fondamentaux, en revenir à la macronie originelle, se sont trompés.
Le Président preserve tous ses grands ministres de droite comme Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Sébastien Lecornu ou encore Aurore Bergé à l’Égalité femmes-hommes.
Il en fait rentrer de nouveaux comme Rachida Dati, Catherine Vautrin, Amélie Oudéa-Castéra mais aussi Marie Lebec aux Relations avec le Parlement, au détriment de son aile gauche mais aussi de ses partenaires historiques.
Édouard Philippe ne compte qu’un seul proche parmi les heureux élus d’hier avec Christophe Béchu qui reste à la Transition écologique. François Bayrou ne peut se prévaloir que du maintien de Marc Fesneau à l’Agriculture. On disait, jeudi soir, le président du MoDem furieux.