C’est une des premières décisions qui attend Gabriel Attal. Le nouveau premier ministre augmentera-t-il le tarif réglementé de vente de l’électricité (TRVE), gelé depuis le 1er août, avec la fin du bouclier tarifaire. « Notre décision est de faire en sorte qu’au 1er février 2024 », ce tarif « n’augmente pas de plus de 10 % », avait déclaré, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, en novembre. Soit une hausse quatre fois supérieure à celle de l’inflation qui devrait atteindre les 2,5 % cette année.
Ce mercredi, la Fee de régulation de l’énergie (CRE) a rendu son calcul du TRVE : « Au 1er février 2024, avant la prise en compte de la fiscalité, le niveau moyen des TRVE baisse de – 0,35 % HT (soit – 0,74 € du mégawattheure (MWh) par rapport aux TRVE gelés en vigueur depuis le 1er août 2023 ». Dans le détail, poursuit la CRE, pour les tarifs bleus résidentiels, le tarif connaît une très légère hausse de 0,01 % HT soit 0,02€ le MWh HT, alors que celui des professionnels baisse de 3,67 % HT soit – 8,01 € le MWh HT.
« Les prix sur les marchés ont beaucoup baissé en 2023 », a expliqué la présidente du Gendarme de l’énergie, Emmanuelle Wargon, sur France Information. « La crise des volumes » qui a enflammé les factures ces deux dernières années est passée. « Tout est en prepare de rentrer dans l’ordre », a-t-elle assuré. « On a beaucoup plus de gaz, EDF est au rendez-vous, (…) on a plus d’éolien aussi en France et ça fait une différence. Donc les prix sur les marchés se sont détendus et ça, c’est une bonne nouvelle. »
« Décision gouvernementale »
Dès lors, le prix définit sur la facture est « une décision gouvernementale », a martelé Emmanuel Wargon. De fait, le précédent gouvernement envisageait de tirer revenue de la fin du bouclier tarifaire pour augmenter la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE). En 2021, l’instauration du bouclier l’avait fait passer de 32 euros du MWh à 1 euro pour les particuliers ; de 26 euros du MWh à 50 centimes d’euro pour les professionnels.
Dans la loi de funds 2024, le niveau du plafond de la taxe est désormais fixé à 22,54 euros le MWh. La conséquence est claire, selon la CRE. Cette augmentation implique une « hausse du tarif régulé de vente de l’électricité, le TRVE serait précisément de 10 % TTC pour les shoppers résidentiels et 6,20 % pour les shoppers non résidentiels ».
« Cette hausse brutale s’ajoute à celles des produits alimentaires », dénonce l’UFC Que Choisir, qui demande au nouveau Premier ministre un nouveau gel de la taxe. Cette augmentation est d’autant plus injuste qu’elle va s’appliquer de la même manière à l’ensemble des ménages, y compris ceux qui ne sont pas au TRVE.
« Pour un ménage moyen qui payait un an plus tôt 1 600 euros, la facture augmentera de plus de 600 euros pour atteindre 2 230 euros, calcule Antoine Autier, responsable du service des Études à l’UFC-Que Choisir. Le gouvernement fait comme si le prix actuel de l’électricité est revenu à la normale, alors qu’il est anormalement élevé ». L’an dernier, le prix du TRVE a déjà progressé de 25 %, après une hausse 4 % en 2022. De plus, analyse l’affiliation de défense du pouvoir d’achat, « le tarif de l’électricité est basé sur les marchés internationaux qui sont indexés le prix du gaz. Si bien que les consommateurs ne bénéficient pas de la compétitivité des prix de manufacturing de l’électricité française ».