La nouvelle année semble emboîter le pas à 2023, qui a vu 33 personnes perdre la vie lors d’opérations de police. Vendredi 5 janvier au matin, un homme d’une trentaine d’années est décédé à l’hôpital, après avoir subi la vieille une interpellation musclée dans une épicerie de Montfermeil, en Seine-Saint-Denis.
Les sapeurs-pompiers, qui l’ont transporté après qu’il eut reçu une douzaine de décharges de pistolet à impulsion électrique (PIE), ont constaté qu’il avait fait deux arrêts cardiorespiratoires. Une autopsie doit avoir lieu le 8 janvier afin de déterminer le lien entre les coups de Taser et la perte de connaissance ayant précédé la mort.
Deux enquêtes ont par ailleurs été ouvertes par le parquet de Bobigny : l’une contre la victime pour violences et menaces de mort à l’encontre de fonctionnaires, l’autre sur l’perspective de ces derniers et confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).
L’utilization des Taser en query
Le soir des faits, il est presque minuit quand un gérant de la supérette située rue Henri-Barbusse appelle la police. Il ne parvient pas à faire quitter les lieux à un homme en « état de surexcitation » et « d’agressivité ». Ce dernier n’est pas un inconnu pour les brokers.
Depuis quelques jours déjà, ses comportements inhabituels et violents ont poussé les forces de police à prévenir sa mère. « Je ne suis pas bien, on est rentré dans ma tête », lui aurait confié le trentenaire en crise. Et quand les policiers arrivent dans la supérette, l’homme, « de forte corpulence », ne se laisse ni convaincre, ni faire.
Il mord un des fonctionnaires qui tentent de l’interpeller, avant de se réfugier dans l’étroite réserve du magasin. En tout, 18 policiers interviennent ce soir-là. Face à eux, un homme qu’ils savent non armé. Six d’entre eux font utilization de leur arme. Ils l’utilisent en mode contact, c’est-à-dire en la plaçant directement sur le corps de la victime. « Une méthode, rappelle le Monde, mise en œuvre en derniers recours lorsque les tirs d’ardillons paralysants se révèlent insuffisants pour venir à bout d’un individu récalcitrant. »
L’affaire pose de nouveau la query de l’utilization des Taser. Présenté comme « à létalité réduite », le pistolet à impulsions électriques (PIE) est critiqué de longue date par les organisations de défense des droits de l’homme. « On s’aperçoit que ces armes peuvent tuer quand elles sont mal utilisées ou utilisées par des personnes mal formées. En outre, elles peuvent être utilisées de manière abusive, pour infliger des tortures, des traitements dégradants », rappelait Fanny Gallois, responsable du programme Libertés d’Amnesty Worldwide France, lors du dernier salon Milipol.
Malgré ces risques, leur utilization est en augmentation constante et leur disponibilité dans la police a été multipliée par vingt entre 2014 et 2023. « Avec 2 995 usages opérationnels recensés en 2022, le recours à cette arme est en hausse de 11 % par rapport à l’année précédente », précisait le dernier rapport annuel de l’IGPN. Pire, le T7, nouveau modèle dont la police est progressivement équipée, permet, selon l’AFP, « des décharges plus intenses ».