Rima Abdul Malak se serait, selon le Président de la République, « un peu trop avancée », en affirmant son intention de retirer sa Légion d’honneur à Gérard Depardieu, après la diffusion sur France 2 d’un documentaire accablant de Complément d’enquête, révélant le comportement et les propos obscènes de l’acteur, en Corée du Sud, à l’égard de plusieurs femmes, dont une petite fille dans un haras.
Le chef de l’État, selon qui cette distinction n’aurait pas vocation à « faire la morale », ne se serait-il pas lui-même trop avancé en désavouant sa ministre de la Tradition ? La Grande Chancellerie de la Légion d’honneur ne semble en tout cas pas avoir tenu compte des propos du chef de l’État et a bien engagé, selon une data du Parisien et de France Information, une procédure disciplinaire à l’encontre du comédien, sous le coup de deux plaintes pour viols et d’une autre pour agression sexuelle.
Dans une lettre datée du 22 décembre, relayée par France Information, l’establishment affirme que « compte tenu de la nature de ces propos, le grand chancelier a averti monsieur Gérard Depardieu de l’ouverture d’une procédure disciplinaire », ajoutant que l’acteur « peut maintenant produire ses explications et sa défense au moyen d’un mémoire établi par lui-même ou son avocat. »
Blâme, suspension ou exclusion définitive
À l’subject de son audition, le conseil de l’ordre de la Légion d’honneur devra statuer et émettre un avis, selon trois scénarios possibles : un blâme, une suspension ou une exclusion définitive de la Légion d’honneur.
Cette dernière mesure disciplinaire ne pourra cependant être actée sans l’aval du président de la République, Grand maître de l’establishment. Ce dernier s’était lancé, le 20 décembre, sur le plateau de l’émission C à vous, dans un véritable panégyrique du comédien, qui serait « une fierté » pour la France, avait dénoncé une « chasse à l’homme » à son encontre, sans hésiter à remettre en trigger la fiabilité du documentaire de Complément d’enquête. Des propos à l’emporte-pièce, qui ont suscité de vives critiques, imposant à France 2 de faire venir un huissier pour constater que les scènes du documentaire n’avaient fait l’objet d’aucun montage.
Au-delà de cette remise en trigger du travail journalistique, à l’unisson des thèses véhiculées par les médias d’extrême droite, comme C Information, ces louanges adressées au comédien, sans égard pour ses éventuelles victimes, ont révélé une ignorance totale des violences sexistes et sexuelles de la half du chef de l’État et ont même été perçues par les féministes engagées dans cette lutte, à l’instar d’Emmanuelle Dancourt, présidente de #MeTooMédia, comme « une validation de la tradition du viol ».