Le match ne se tient pas sur la pelouse des terrains, mais dans les bureaux d’entreprises privées cette fois. La coupe à remporter n’est autre que le Stade de France. Trois candidats, le consortium Vinci-Bouygues, le groupe SDF et GL Occasions, sont en compétition pour décrocher l’un des deux appels d’offres lancés par l’Etat en mars 2023. L’un consiste à renouveler la concession du stade, cédée depuis 1995 aux entreprises Vinci et Bouygues ; l’autre, à le vendre. « C’est comme si on vendait la Tour Eiffel ou l’Opéra Garnier », s’exclame Fabien Homosexual, sénateur PCF, ayant déposé une proposition de résolution avec l’ensemble du groupe PCF. Ils demandent à l’Etat, propriétaire de l’enceinte sportive de Seine-Saint-Denis (93), de ne pas la céder au privé. À craindre ? Des billets aux prix encore plus exorbitants qu’ils ne le sont déjà et des événements sportifs inaccessibles pour les lessons populaires.
Quelle est la valeur symbolique de cette infrastructure ?
Au même titre que d’autres grands monuments, c’est un stade qui a été construit par des milliers d’ingénieurs, de techniciens et d’ouvriers français. Il a été bâti dans le cadre de la Coupe de monde de soccer en 1998, mais il a aussi accueilli beaucoup d’autres grandes compétitions et des live shows mythiques. Ce sont des moments de communion nationale chargés de souvenirs qui ne se bradent pas.
Le nom du stade, le Stade de France, signifie qu’il appartient à la nation et à l’ensemble des Françaises et des Français. Sa vente relève d’une politique libérale qui privatise en masse, que ce soit les aéroports, les autoroutes ou les ports. Se tient en fait un affrontement politique où nous pensons que certaines constructions appartiennent au patrimoine commun. Les monuments, les enceintes sportives ou les constructions énergétiques ne peuvent pas être cédés au privé parce qu’ils participent au bien commun.
Quelles pourraient être les conséquences de ce changement de propriétaire, passant du public au privé ?
Nous avons déjà un problème dans le contrat de concession tel qu’il est : le prix des locations est déjà élevé.
Aujourd’hui, il faudrait un cahier des fees pour lequel les parlementaires et les élus locaux aient aussi leur mot à dire. Cela pour qu’on aille vers une tarification sociale et que les lessons populaires de la Seine-Saint-Denis ne soient pas exclues de l’accès aux événements. C’est doable dans le cas d’une concession mais pas si le stade est vendu à un opérateur privé. Lui ne prendra en compte que la rentabilité financière de l’enceinte. Les prix vont exploser, ils seront encore moins maîtrisables qu’aujourd’hui.
L’Etat prendra sa décision très probablement après les Jeux Olympiques 2024. Il n’a d’ailleurs pas intérêt à animer une polémique à quelques semaines de leurs ouvertures. Mais cela pose des questions sur le lengthy terme : par exemple, l’opérateur privé pourrait ne plus souhaiter accueillir de compétitions sportives mais uniquement de grands live shows.
Les partisans de la vente du Stade de France estiment que l’infrastructure n’est pas rentable et représente un « gouffre financier » pour l’Etat. Qu’en est-il ?
La development de cette enceinte s’est décidée très rapidement, pour l’event de la Coupe du monde de soccer, en 1998. Il devait y avoir un membership résident, ce qui ne s’est jamais produit. Cela devait servir à rentabiliser l’infrastructure avec une vingtaine de matchs par an. De l’argent a été perdu, c’est vrai.
« Le modèle économique est tout à fait viable pour une reprise de concession. »
Mais depuis 2013, le stade est à l’équilibre financier. Il dégage même un peu de revenue, très légèrement. Il a su diversifier ses activités avec des live shows et de grands spectacles. Le modèle économique est tout à fait viable pour une reprise de concession.
Puis, le privé ne rachète et n’est intéressé que parce qu’il pense que le stade est rentable. C’est pour cela qu’il y a des offres d’achat. Ces groupes n’ont pas d’intérêt à acheter un équipement avec lequel ils se pensent déficitaire pendant 20 ans.
Dans la proposition de résolution, vous évoquez l’élaboration « de propositions pour aller vers un modèle d’exploitation plus vertueux ». Lesquelles ?
Le groupe communiste et moi-même souhaitons davantage de transparence et de concertation dans les prises de décision. La query sociale serait davantage prise en compte : en permettant à ce que l’équipement sportif serve aussi à des golf equipment de Seine-Saint-Denis, en faisant en sorte que les locations restent accessibles au plus grand nombre, …
Le modèle économique est déjà satisfaisant mais nous pourrions envisager une diversification des sorts d’événements proposés. Le stade a des potentialités sans doute encore inexplorées.