En mai 2023, une enquête pour travail dissimulé et traite d’êtres humains est ouverte par le parquet de Lille, concernant la communauté Emmaüs à Saint-André-Lez-Lille (Nord). En juillet, une vingtaine de compagnons sans-papiers de cette communauté se déclarent en grève. Par la suite, des compagnons de trois autres communautés de la région se déclarent en grève, pour mauvaises circumstances de vie, de travail et demandent, comme pour la communauté de Saint-André-Lez-Lille, la régularisation de leurs papiers. Au cours de l’année 2023, deux communautés, du Tarn-et-Garonne et du Doubs, verront leurs instructions accusées de détournements de fonds. 57 000 euros pour la première, dont la course sera, ou non, condamnée le 16 janvier prochain, et de 460 000 euros pour la seconde, dont le président a été condamné en octobre à 3 ans de jail, dont un an ferme. Par ailleurs, une communauté Emmaüs, près de Montpellier a créé dans le courant de l’année une affiliation : « Les communautés ensemble pour vivre Emmaüs », critiquant la « disparition » des valeurs de l’Abbé Pierre.
Le modèle Emmaüs, créé en 1949, est-il devenu obsolète ? Tarek Daher, directeur général d’Emmaüs France revient sur ces conditions, pour l’Humanité.
Grèves à répétition, détournements de fonds… Remark ces conditions ont-elles pu se produire ?
Ce sont des conditions assez différentes. Pour les grèves, dans le Nord, il n’y en a pas eu beaucoup. Ce n’est pas comme si toutes les communautés du Nord s’étaient mises en grève. Il y a Nieppe, où c’est une minorité qui est plutôt instrumentalisée, à notre avis, que vraiment porteuse de vraies revendications. Il y a également Dunkerque, mais ces conditions n’ont rien à voir. Donc ces situations-là, remark ont-elles pu arriver ? Malheureusement, il y a des dysfonctionnements dans certaines communautés. Il y a sans doute une state of affairs grave à la Halte Saint-Jean, nous attendons de voir ce que la Justice a à nous dire. Mais il y a peut-être un mouvement qui a donné des idées à d’autres, mais ce n’est sans doute pas un hasard que ce soit géographiquement assez limité.
Dans l’histoire d’Emmaüs, il y a eu d’autres grèves, mais elles se sont réglées rapidement. Le problème ici, c’est que les revendications, liées à la régularisation des compagnons, ne sont pas du ressort d’Emmaüs France, donc la sortie de crise est compliquée. Alors qu’à Tourcoing, avec d’autres mots d’ordre, la grève a été résolue en deux semaines, et tout le monde a repris le travail communautaire.
Pour ce qui est des détournements de fonds, les deux conditions sont sans doute arrivées parce qu’il y avait une faiblesse dans la gouvernance, mais je parle avec prudence. à Ornans, dans le Doubs, la personne à la présidence à amadouer et séduit son monde, à partir d’un mensonge. Le sort qui a fait ça est un mythomane. Ce qui a justifié une absence de vie associative et de conseil d’administration durant trois ans. Alors d’un côté, il y a eu un problème de gouvernance et de l’autre, nous avons eu un problème de contrôle. Nous aurions dû savoir. Mais ce qui a été révélé sur Ornans, c’est grâce au contrôle d’Emmaüs France qui a fini par débusquer le problème. à Montauban, vous avez un responsable historique, une determine du mouvement, reconnu à l’échelle nationale. Mais nous verrons ce que la justice dira. Est-ce que cela révèle des choses systémiques ? Aucunement, à notre avis. Nous avons 300 groupes et 30 000 personnes au sein d’Emmaüs. Malheureusement, il est attainable qu’il y ait des dérives. Nous devons renforcer nos éléments de contrôle.
Du côté de Montpellier, en 2023, une communauté a tenté de fronder, dénonçant le modèle Emmaüs. Ce modèle, ne devient-il pas obsolète avec ces récentes affaires ? N’y a-t-il pas besoin de davantage de contrôle ?
C’est tout à fait attainable qu’il y ait besoin de plus de contrôle. Nous souhaitons renforcer et systématiser les audits dans le groupe, et peut-être faire évoluer nos règles statutaires, qui aujourd’hui ne nous permettent pas d’avoir des éléments de contrôle et des sanctions rapidement. C’est un peu trop lent chez nous. Après, l’affiliation créée du côté de la communauté de Montpellier fait beaucoup de bruit, mais représente peu de choses. Ils n’ont pas quitté le giron d’Emmaüs France, mais souhaitaient faire entendre leurs voix, qu’il y ait des débats en interne. Mais c’est la réalité d’un mouvement démocratique.
Qu’il y ait des sujets à mettre sur la desk automotive le monde évolue, c’est tout à fait légitime. Mais l’écrasante majorité des communautés fonctionnent très bien. Le modèle Emmaüs est encore aujourd’hui extrêmement pertinent. Qu’il soit compliqué, différent, à risque, c’est évident, mais je rappelle que c’est un modèle, en France, qui est la dernière possibilité d’accueil pour énormément de personnes, avec des conditions humaines et sociales très complexes. Donc que dans ce contexte-là, ce soit un modèle fragile, exigeant, qui est immediate à des dérives, c’est attainable. De là à jeter le bébé avec l’eau du bain, absolument pas.
Quelles sanctions peuvent être mises en place de la half d’Emmaüs France, malgré les délais longs ?
Il y a des procédures de lengthy terme qui peuvent aller jusqu’à l’exclusion. Et il y a des procédures d’urgence qui sont des mesures conservatoires lorsque nous considérons qu’il y a un péril pressing. Ce sont des mesures prises à la fois contre la Halte Saint-Jean et la communauté de Dunkerque par exemple, automotive il y avait urgence à mieux traiter les compagnons, une urgence quant à la dégradation de l’picture d’Emmaüs France. Concernant ces mesures conservatoires, nous avons un éventail de sanctions, assez varié, allant jusqu’à l’exclusion temporaire de groupe en leur qualité de membres. Mais nous pouvons également sanctionner sur l’accès aux providers d’Emmaüs France, aux bénéfices financiers… Nous pouvons également, lors d’une exclusion temporaire, interdire l’appellation Emmaüs, mais de manière temporaire, ça n’a pas de sens, donc c’est une arme que nous n’utilisons pas. La sanction la plus grave en urgence, c’est celle de l’exclusion temporaire.
Avant l’enquête pour trafic d’être humains à la Halte Saint-Jean, vous n’étiez pas au courant de la state of affairs. Remark est-ce attainable ?
Nous savions que tout n’était pas rose à la Halte Saint-Jean, mais nous étions à des kilomètres d’imaginer ce dont les accusations parlent. Nous verrons ce que donne l’enquête. Si des faits de traite d’êtres humains sont avérés, il est bien évident que ce serait totalement scandaleux et contraire aux valeurs d’Emmaüs. Encore une fois, nous sommes un réseau de 300 groupes. Nous ne pouvons pas passer notre vie à contrôler chaque groupe, qui a, en plus, plusieurs antennes. Oui, parfois, il y a des conditions qui nous échappent.
« Nous ne pouvons pas passer notre vie à contrôler chaque groupe, qui a, en plus, plusieurs antennes. »
C’est pour cela que nous allons imposer des audits, externes, indépendants, tous les cinq ans, pour éviter ce style de state of affairs. Le contrôle et la remontée d’informations systématiques des associations, ça n’existe pas, malgré des exigences statutaires. Nous ne pouvons pas exclure un groupe du mouvement Emmaüs parce qu’il n’a pas envoyé ses comptes pendants une année.
Donc, des audits tous les cinq ans. Mais est-ce suffisant ?
Pour l’instantaneous, nous n’avons pas les moyens de faire plus. Vous savez, si vous regardez les centres sociaux, agréés par la CAF, donc par un institut public, la revoyure de l’agrément légalement, c’est tous les trois ans. Alors que là, on parle d’argent public, de conventions très lourdes. Et c’est tous les trois ans. Il faut aussi vivre sans tomber dans le contrôle à outrance sinon, les gens ne feront plus rien d’autre que faire des rapports et de prendre des indicateurs. Donc il faut trouver un équilibre.
Remark Emmaüs France se positionne par rapport à Pierre Duponchel, président de la Halte Saint-Jean ?
Pas de commentaires particuliers sur les personnes. Notre interlocuteur est la communauté, et vous avez pu voir les mesures prises à l’égard de la Halte.