Il n’a pas de treillis mais c’est tout comme. Au second où les Français s’apprêtent à se souhaiter la paix, l’amour et la tranquillité, Emmanuel Macron a cru bon d’adresser ses vœux pour 2024 avec, pour fil rouge, le « réarmement » : « réarment économique », « réarmement des companies publics », « réarmement civique », « réarmement de la souveraineté européenne », « réarmement de la nation face au dérèglement du monde ». Le tout depuis le jardin de l’Elysée, une rangée de drapeaux internationaux flottant derrière lui, pour ceux qui n’auraient pas encore compris. Un discours martial bien à droite, de gros flingues plein la bouche. Mais qui se veut rassembleur.
Tout sauf « l’impuissance »
C’est la septième fois que le président de la République se plie à l’exercice. Comme de coutume, ce n’est pas tant une adresse de vœux qu’un bilan de compétences auto-réalisé qu’a rendu le chef de l’Etat. Emmanuel Macron « assume » les réformes de 2023, à commencer par les retraites, mais aussi la loi immigration « qui permettra de lutter contre l’immigration clandestine et de protéger ceux qui sont sur notre sol ». C’est « le cap », le fameux cap qui revient chaque année sans que le président prenne le temps d’en définir le contenu. Qu’importe : ce qui compte, c’est le cap en lui-même, le mouvement pour le mouvement, phantasm au fondement du macronisme. « Nous sommes bien loin de l’impuissance qu’on nous prédisait et c’est heureux », se réjouit-il, ce qui traduit sa crainte d’être empêché de réformer à tout crin, quitte à abîmer les establishments et à jouer avec les limites autocratiques de notre Structure.
« En 2027, nous aurons dix ans d’avance, là où en 2017 nous avions dix ans de retard », promet Emmanuel Macron, annonçant des bonds technologiques dans le nucléaire, l’intelligence artificielle et les transports. Que retenir, alors, d’un texte aussi vide, qui promet « une année de détermination » et « une écologie à la française » ? On ne sait pas ce que cela veut dire, mais ça sonnait sans doute bien aux oreilles du conseillers qui l’a écrit. Ah, si : la France sortira du charbon en 2027. On le savait déjà. Notre-Dame de Paris rouvrira ses portes le 8 décembre 2024. La presse avait déjà publié l’info. Nous voilà bien réarmés.
Cyprien Caddeo