« Ce que j’aime dans le vin, quand on le fait à la principal, est qu’on ressent la personnalité de celui qui l’a fait en le goûtant », begin d’emblée Marine Leys. Une manière polie de dire qu’elle est plus à l’aise à l’idée de faire goutter ses cuvées qu’à parler d’elle-même. Il est vrai en tout cas que ses vins comme sa vie sont pour le moins atypiques. Marine a appris le travail vigne à Izmir, en Turquie, où son conjoint entraînait des chevaux de course. Elle n’a eu ses propres vignes, à Gaillac, qu’à 40 ans : le domaine de la Vignereuse. « Mon mari est irlandais et maîtrise mal le français, et comme dans ma vie j’ai été cadreuse de cinéma, plongeuse pour prises de vues sous-marines et même masseuse, il a cru qu’en français, tous les métiers, au féminin, finissaient par euse », raconte Marine Leys. D’où Vignereuse. Le mot lui a bien plu, il évoquait le bonheur, et charriait quelque selected de féministe. « Sauf que quand nous sommes devenus pompiers volontaires et quand il m’a appelé la pompeuse ça casse un peu l’effet », rigole-t-elle.
Marine est partie de Turquie au bout de huit ans, frustrée de n’avoir pas pu faire une seule cuvée à son goût. Pour s’installer, elle choisit Gaillac, dans le Tarn, avant tout pour la météo. « Il y avait un vieux vigneron prêt à mettre ses 5 hectares de vignes en fermage. Mais il ne voulait pas me les céder parce que j’étais une femme et que je voulais faire du bio », soupire-t-elle. Elle a mis un an à le convaincre. En 2014, elle fait sa première cuvée à elle, un vin blanc, assemblage de cépages peu communs : mauzac et loin-de-l’œil, nommé 6 Filles si fines. « On avait vendangé qu’entre filles pour ma première année, se souvient Marine. Alors je leur ai demandé remark elles voulaient appeler la cuvée, parce que c’était aussi la leur, et elles m’ont immédiatement répondu cyprine. » Après hésitation, Marine a jugé que ce nom n’était pas le plus consensuel pour se lancer dans le métier. Elle a choisi 6 Filles – du nombre qu’elles étaient – si fines, en hommage à leur humour et aussi pour la proximité phonétique.