C’était un des arguments agités par le gouvernement pour contraindre les Français à travailler plus longtemps en repoussant l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans. « On doit travailler plus longtemps parce qu’on vit plus longtemps. C’est du bon sens », avait affirmé Emmanuel Macron.
Seulement voilà, pour la seconde fois depuis 2008, l’espérance de vie, sans incapacité, à partir de 65 ans a diminué en 2022. Selon une étude de la Path des études et des statistiques des ministères sociaux (Drees), publiée ce vendredi, à 65 ans, les femmes peuvent espérer vivre 11,8 ans sans être limitées dans les activités de la vie quotidienne, et les hommes 10,2 ans.
Les femmes moins touchées
Soit une augmentation, depuis 2008, d’un an et 9 mois pour les femmes, et d’un an et six mois pour les hommes, détaille la Drees. Mais, alors que l’indicateur avait fortement augmenté en 2021 après un web recul l’année précédente lié au Covid, en 2022, « au sortir de la crise sanitaire, l’espérance de vie sans incapacité baisse et retrouve le niveau de 2020 ».
En 2021, année la plus récente pour laquelle ces données sont disponibles pour tous les pays européens, la France se situait au quatrième rang de l’Union européenne à 27 pour l’espérance de vie sans incapacité des hommes à 65 ans, avec un niveau au-dessus de la moyenne européenne (+1 an et 10 mois). Pour les femmes, la France se situe au troisième rang, là aussi au-dessus de la moyenne européenne (+2 ans et 8 mois).
Reste à savoir « si la baisse observée en 2022 est momentanée, effaçant l’évolution anormale observée en 2021 avant un retour aux évolutions usuelles observées avant la crise, ou si cette baisse se poursuit et marque une rupture dans la tendance de lengthy terme de l’indicateur ». Une telle tendance confirmerait le risque pointé par les organisations syndicales : repousser l’âge de départ en retraite pèse sur l’espérance de vie en bonne santé.