Sylvie Retailleau restera au gouvernement. A la différence d’Aurélien Rousseau, qui a bel et bien quitté le ministère de la Santé mercredi en raison de son opposition à la loi d’inspiration d’extrême droite sur l’immigration, la ministre de l’Enseignement supérieure s’est vue refuser sa démission par la première ministre Elisabeth Borne. Cette dernière, avec Emmanuel Macron, aurait assuré à Sylvie Retailleau, pour la retenir, que la mise en place d’une warning obligatoire pour les étudiants étrangers, prévue dans cette loi, serait révisée. Cette mesure pourrait être réduite à une mise symbolique, voire ne pas être appliquée, si elle n’est pas au préalable, censurée par le Conseil constitutionnel en raison de la « rupture d’égalité » que comporte cet article de loi.
Un accès à la connaissance entravé par des considérations financières
Concrètement, selon le texte, un étranger qui voudrait suivre des études en France devrait verser une « warning retour » pour « la délivrance d’un titre de séjour pour motifs d’études ». Une proposition soutenue d’abord par Les Républicains et le Rassemblement nationwide, qui, comme avec la préférence nationale sur les aides sociales, montrent que leur rejet de l’immigration est avant tout celui de l’immigration des pauvres. Mais aussi une autre logique, cynique et insultante, selon laquelle cette warning inciterait les étudiants étrangers à repartir dans leur pays d’origine, pour récupérer leur argent…
Dès l’annonce du texte sorti de la Fee mixte paritaire, mardi, de très nombreuses écoles et universités – y compris certaines loin d’avoir une réputation de progressistes comme HEC ou Assas – se sont insurgés contre cette « warning retour ». « L’accès aux connaissances ne peut être entravé par des considérations financières si restrictives et sans fondement », a ainsi écrit une vingtaine de présidents d’universités de France dans un communiqué. Tandis que dans une tribune à l’AFP, les dirigeants de trois grandes écoles de commerce, HEC Paris, l’Essec et l’ESCP, ont jugé la mesure « économiquement et juridiquement aberrante (…) à l’encontre des principes d’égalité républicaine ».
Si la protestation des écoles et universités, mais aussi de la ministre Sylvie Retailleau n’a pas suffi à convaincre les députés macronistes de voter contre l’ensemble du texte mais semble avoir été entendue par Elisabeth Borne et Emmanuel Macron. Dès mercredi matin, la première ministre a évoqué la possibilité de transformer cette warning en une somme symbolique « de 10 ou 20 € » et ajouté que certains étudiants pourraient être dispensés du dispositif « en fonction de leurs ressources et de leur parcours scolaire et universitaire ». Le soir, le président de la République a lui expliqué avoir « assuré à la ministre que les mesures en lien avec les étudiants seraient révisées si elles n’étaient pas censurées par le Conseil constitutionnel ».
Les étudiants étrangers devraient pouvoir être rapidement rassurés sur leur avenir en France. Bien que le Parlement leur a signifié qu’ils n’étaient pas les bienvenus.