Les forces de progrès montent au créneau contre la lepénisation de la Macronie. Elles fustigent l’adoption mardi de la loi immigration, au cœur de laquelle « Les Républicains » ont inscrit la préférence nationale avec le soutien du Rassemblement nationwide.
Mercredi, toutes les organisations de gauche (PCF, FI, PS, Les Écologistes EELV, les Radicaux de gauche, GRS, Place publique…), des syndicats (CGT, FSU, Confédération paysanne, Union étudiante, Union syndicale lycéenne…), des ONG (Attac, Anvita, Mrap, Amis de la Terre, SOS racisme, LDH…) ont adressé une lettre au président de la République l’invitant à « renoncer à une loi qui porte une atteinte fondamentale aux valeurs de notre République et qui, au-delà de votre propre majorité, va fracturer notre pays ».
Pour les signataires, « une digue a lâché » avec l’adoption de la loi sur l’immigration, « la plus régressive depuis des décennies ». Elles appellent « l’ensemble des organisations de la société civile, toutes les forces progressistes et républicaines à agir face à cette attaque majeure contre notre République et sa Structure, et à construire ensemble des initiatives dans les jours et les semaines qui viennent ».
Mercredi matin, sur France Inter, le président du groupe des députés PS Boris Vallaud a décrété que « c’est le début d’une cohabitation avec la droite d’Éric Ciotti ». Cyrielle Chatelain, présidente du groupe des députés écologistes, se montre critique envers la première ministre : « En écoutant Élisabeth Borne sur France Inter, j’entends une élue qui n’assume pas la loi qu’elle a forgée, qui fuit ses responsabilités, qui refuse de regarder les impacts désastreux sur des dizaines de milliers de vies. »
À la tribune de l’Assemblée, Elsa Faucillon, oratrice pour les communistes a, mardi, fustigé : « L’histoire d’un président qui s’est fait élire contre l’extrême droite et qui nous suggest aujourd’hui de voter son programme. » La présidente du groupe insoumis, Mathilde Panot, a pour sa half dénoncé mercredi sur France Data un « texte lepéniste », en faisant les comptes : « 25 % des macronistes ont voté contre, 100 % du RN a voté pour. »
De son côté, le coordinateur de la FI, Manuel Bompard, s’est saisi de l’event pour proposer aux dirigeants de ce qui était la Nupes une réunion pour « faire avancer l’different à la coalition des droites ». Olivier Faure y a répondu sur Public Sénat mercredi : « Je souhaite que la gauche puisse se retrouver mais sur des bases claires, entendables par tout le monde », mettant en trigger le fondateur de la FI, Jean-Luc Mélenchon, qui écrivait la veille : « Après la marche commune du 12 novembre, voici la loi votée et écrite en commun. »
« Quand il dit explicitement qu’il y a un lien entre le vote de la loi Darmanin et la manifestation contre l’antisémitisme du 12 novembre, à laquelle a participé l’extrême droite, parce qu’elle contient la matrice même de ce texte, je dis qu’il y a beaucoup d’efforts à accomplir pour que nous puissions nous retrouver », tacle le dirigeant socialiste. « Écœurante confusion », a abondé Yannick Jadot, ex-candidat EELV à l’élection présidentielle.
Ces différends n’empêchent pas les groupes parlementaires de gauche d’engager des démarches contre la loi, à commencer par un recours constitutionnel visant certaines events du texte. Les élus locaux entrent eux aussi en résistance. Ainsi, le département du Lot a déclaré qu’il ne mettrait pas en œuvre la « préférence nationale » dans ses politiques sociales.
Stéphane Troussel, président PS du département, a assuré que « tous les habitants de Seine-Saint-Denis méritent la solidarité et l’humanité. D’où qu’ils viennent. Nous continuerons de verser l’allocation personnalisée autonomie aux étrangers en state of affairs irrégulière ». Dans la foulée, les 32 départements de gauche ont annoncé dans un communiqué leur intention de désobéir. La mairie de Montreuil, dirigée par le communiste Patrice Bessac, a mis ses drapeaux en berne.
Les organisations syndicales sont également mobilisées. La CFDT enjoint au président de la République « de ne pas promulguer cette loi », dont « l’extrême droite a soufflé les mots et les idées ». Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a fait half de sa « grande colère » devant un Emmanuel Macron qui « met en œuvre l’idéologie » de l’extrême droite. « C’est un texte qui contient et met en œuvre la préférence nationale, puisque les travailleuses et travailleurs n’auront plus les mêmes droits en fonction de leur nationalité », dénonce la syndicaliste.
Monsieur le Président, Ce soir, à l’event de votre intervention télévisuelle, nous vous demandons solennellement de prendre la seule décision qui vaille : vous devez renoncer à une loi qui porte une atteinte fondamentale aux valeurs de notre République et qui, au-delà de fracturer votre propre majorité, va fracturer notre pays.
Vous avez été élu et réélu face à l’extrême droite. Vous vous étiez même posé en ultime barrage contre les idées du Rassemblement Nationwide. C’est la raison pour laquelle de très nombreux Français ont voté pour vous, non par adhésion à votre politique, mais pour éviter le pire.
Mais hier soir, une digue a lâché. Loin de régler quoi que soit aux désordres du monde, à l’exil face aux guerres et au changement climatique, à la crise de l’accueil et ses conséquences, la loi sur l’immigration adoptée hier, la plus régressive depuis des décennies, consacre la préférence nationale, remet en trigger le droit du sol et les droits fondamentaux affirmés dans le préambule même de notre structure, issu du Conseil nationwide de la résistance. Le texte voté est un désastre ethical, une trahison de notre Histoire, de ce qu’est notre pays et l’esprit des Lumières, et une reddition devant l’extrême droite qui peut légitimement évoquer une victoire idéologique.
Nous, forces politiques, syndicales, associatives, ne nous résignons pas. Nous sommes là pour résister à l’arbitraire et à l’inhumain. Nous appelons l’ensemble des organisations de la société civile, toutes les forces progressistes et républicaines à agir face à cette attaque majeure contre notre République et sa Structure, et à construire ensemble des initiatives dans les jours et les semaines qui viennent.
Monsieur le Président : renoncez !
Signataires :
Associations et syndicats : ATTAC, ANVITA, Confédération paysanne, Confédération Générale du Travail, CRID, Droit Au Logement, EMMAUS France, Fédération Syndicale Unitaire, Jeune Garde, MRAP, Les Amis de la Terre, Ligue des Droits de l’Homme, SOS Racisme, Union étudiante, Union syndicale Lycéenne
Partis politiques : La France Insoumise, L’Engagement, Les Écologistes – EELV, Les Radicaux De Gauche, Génération·S, Gauche Républicaine et Socialiste, Mouvement Républicain et Citoyen, Parti Communiste Français, Parti de Gauche, Parti Radical de Gauche, Parti Socialiste, Place Publique, REV.