Nicolas Pereira compte sur ses doigts : il dénombre trois procédures de licenciement et cinq ou six sanctions disciplinaires, alors que, « en vingt-deux ans, (s)on file était web, sans rien ». La dernière en date : un entretien avec « une éventuelle mesure de licenciement », ce vendredi 8 décembre. La trigger ? Un message privé qu’il a envoyé, croit savoir ce salarié et représentant du personnel chez Transdev Aéropiste, qui est aussi secrétaire de l’union locale CGT de Roissy depuis 2021.
Engagé dans une grève pour des augmentations de salaire depuis octobre, il découvre qu’une soirée « champagne, petits-fours » est organisée par la course de son entreprise, à l’abbaye de Royaumont dans le Val-d’Oise. Accompagné d’une dizaine de collègues élus du personnel, ils s’infiltrent sans évidemment avoir été conviés à cette soirée teintée d’opulence, eux qui revendiquent une augmentation de 300 euros.
Un fight pour supprimer les horaires alternés
Au retour, Nicolas Pereira s’empresse d’écrire ses impressions sur le groupe WhatsApp interne des responsables CGT de l’entreprise. Des impressions sans filtre, notamment concernant la directrice du sous-traitant d’Air France à Roissy, dans un cadre privé, mais qui ont fuité. Une plainte pour diffamation a depuis été déposée.
Ses relations agitées avec la course ne datent pas d’hier. La première, une dialogue « houleuse » avec un membre de la course, lui a valu une principal courante. Un comportement « agressif » lui est reproché à la gendarmerie : « Je l’aurais menacé de lui casser la gueule derrière l’entreprise, c’est complètement fake. » Présent sur les lieux, un camarade témoigne en sa faveur. Il sera ensuite licencié pour « témoignage calomnieux ». « Je m’en voulais tellement, même si ce n’était pas de ma faute », se remémore-t-il. Le syndicaliste estime qu’il s’agit d’une stratégie « pour (l)e faire taire, pour (l)e détruire ».
Ce petit-fils de communiste rentre dans le viseur de sa course, notamment parce que le rapport de pressure lui fait obtenir la suppression des horaires alternés, plus bénéfique pour l’organisation de la vie de famille et la santé des travailleurs. Il en a « mené des batailles » depuis son arrivée, en 1998, à Transdev Aéropiste.
Très vite, il s’have interaction au sein d’un syndicat « qui correspond à (s)es valeurs, sans clientélisme ou courbettes envers le patronat ». Son engagement en faveur des travailleurs remonte pourtant au tout début de sa carrière. Alors employé d’un marchand de meubles parisien, il entend son patron invectiver les autres employés. Il démissionne illico : « L’motion syndicale était compliquée dans cette entreprise et je ne pouvais pas supporter qu’on traite les travailleurs comme des chiens ! » s’exclame l’homme de 53 ans. Vingt-cinq ans après, il n’a rien perdu de sa subversion.