C’est une volte-face lourde de conséquences. Plus de quatre mois après la décision de reprise de On line casino par le duo de milliardaires Kretinsky-Lacharrière, actée en juillet dernier par le Tribunal de Paris, une réunion décisive, le 7 décembre, avec la course et le consortium de repreneurs, a confirmé les pires craintes des syndicats.
Les investisseurs, qui prendront la tête du groupe début 2024, ne seraient plus en mesure de respecter le « plan preliminary de juillet 2023 », en raison des difficultés financières persistantes, et soutiendraient par conséquent la décision de la course actuelle « de vendre la totalité des hypermarchés et des supermarchés ». Pour les syndicats, il s’agit ici d’une « casse sociale sans précédent ».
Ces derniers, réunis autour d’une intersyndicale (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC), qui maintenait depuis plusieurs mois la pression, avaient de nouveau appelé le 5 décembre au débrayage, avec un préavis de grève déposé jusqu’au 31 décembre, et à des rassemblements à Saint-Etienne (Loire), berceau du groupe, ainsi qu’en région parisienne. « La grande peur, c’est la vente à la découpe », avait témoigné Ali Eloued, délégué syndical CGT du groupe, en juillet dernier, dans les colonnes de l’Humanité.
Alors que le passage de témoin entre celui qui est encore PDG et premier actionnaire du groupe, Jean-Charles Naouri, avec les nouveaux actionnaires-l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky et le Français Marc Ladreit de Lacharrière, est prévu au premier trimestre 2024, les syndicats ont jusqu’à ce jeudi été laissés dans l’incertitude sur le nombre de magasins ouverts et les circumstances de rachat. Ils sont désormais fixés.
Vagues de cessions et crainte de ventes à la découpe
Le groupe, endetté à hauteur de 6,4 milliards d’euros, n’avait avant cette réunion pas précisé quel périmètre était concerné par ce rachat d’hypermarchés et de supermarchés, mais laissait déjà planer la menace d’une vente de l’ensemble des magasins grand format. À la cession de 119 magasins au groupement des Mousquetaires, déjà actée, s’ajouteront ainsi d’autres vagues de cessions, qui concerneraient notamment une soixantaine d’autres magasins au même repreneur. Des cessions massives dont les salariés redoutent de payer les pots cassés.
Le groupement des Mousquetaires s’est certes engagé à garder les 4 000 salariés concernés —, sur les 50 000 que compte le groupe —, mais les syndicats craignent d’y perdre des conquis sociaux et d’être confrontés à une dégradation de leurs circumstances de travail. Ils s’attendent à des répercussions sur les effectifs du siège, dans les emplois liés à la logistique et au niveau des companies helps. Les candidats à la reprise n’ayant pas d’intérêt à préserver l’ensemble de la logistique de On line casino.
Au-delà de ces alertes, les syndicats pointent également les choix stratégiques du groupe, 125 ans après sa création, qui l’ont amené de la prospérité — c’était l’un des plus gros employeurs de Saint-Etienne et du département —, au déclin.
« Dans tout le département de la Loire, on a assisté au remplacement des salariés par des caisses automatiques. À Firminy, on a une clientèle assez âgée qui a besoin de contacts humains et de companies, explique Ali Eloued, dont le magasin a été touché par la première obscure de cession. Dans le même temps, on a conservé des prix très élevés. Nous avons perdu les principes de base du commerce de proximité et nous nous étonnons ensuite de perdre des components de marché et de la clientèle. »