Brahim Ben Ali, secrétaire nationwide d’INV VTC, a porté la parole des chauffeurs Uber français directement au siège de la plateforme, en Californie. Il représentait aussi des organisations européennes, dont le puissant syndicat néerlandais FNV.
La scenario des chauffeurs à San Francisco est-elle comparable à celle des Français ?
Comme on fait partie d’un réseau worldwide de syndicats et d’associations de chauffeurs, j’ai pu rencontrer un grand nombre d’entre eux. Ce qui m’a le plus étonné c’est qu’ils étaient pour beaucoup sans papiers, des Pakistanais, Palestiniens, Maliens…
Des intermédiaires qui ont des sociétés enregistrées auprès d’Uber les font travailler, ils se prennent d’importantes commissions, souvent fournissent les voitures et inscrivent eux-mêmes les chauffeurs sur les plateformes, parfois sous de fausses identités.
Comme ils sont en scenario irrégulière, les chauffeurs ne peuvent pas se permettre de se plaindre. Uber peut les déconnecter sans justification et, s’ils dénoncent ce système, ils risquent l’expulsion… J’ai rencontré des chauffeurs qui s’entassaient à 11 dans des petits appartements. Ils sont terrifiés. Donc, la scenario est bien pire là-bas. Ce que je crains, en fait, c’est d’avoir vu en Californie ce qui nous attend ici. En France, Uber Eats exploite déjà des sans-papiers pour livrer des repas.
Ce voyage a-t-il rempli ses promesses ?
Oui et non. J’ai fait de belles rencontres, qui devraient permettre de renforcer la coopération internationale entre les chauffeurs. On prévoit d’ailleurs de revenir à San Francisco, avec des représentants des syndicats européens. La déception évidemment est que je n’ai pas pu rencontrer le patron d’Uber. Parce que ce projet remonte à il y a plus de deux ans maintenant.