Après la présentation du plan anti-tabac du gouvernement, mardi 28 novembre, c’est une sorte de deuxième couche qu’a passée l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Dans un rapport de toxicovigilance rendu public jeudi 30 novembre, l’agence alerte sur ces nombreux produits connexes du tabac – nouveaux ou anciens – que l’industrie met sur le marché pour tenter de gonfler ses earnings. Avec comme cible prioritaire, les jeunes.
Selon l’Anses, ces sachets de nicotine, de tabac, ou encore ces billes aromatiques pour cigarettes ont entraîné des intoxications en hausse, en particulier depuis 2020. Pour l’affirmer, l’étude a analysé le nombre d’appels passés dans les centres antipoison français entre début 2017 et la fin 2022.
Parmi les produits visés, figurent les sachets de nicotine (sans tabac), appelés nicotine pouches ou nicopods, qui profitent d’une sorte de vide juridique puisqu’ils « n’entrent actuellement dans aucune réglementation spécifique en France ou en Europe », selon l’Anses. Mais également des produits interdits presque partout comme les « snus », ces sachets de tabac à utilization oral que seule la Suède autorise aujourd’hui.
Des produits parfois confondus avec des bonbons
Dans les deux cas, les intoxications touchent majoritairement les 12-17 ans, après des consommations « intentionnelles ». « La publicité de ces produits est importante sur les réseaux sociaux ciblant les jeunes consommateurs, notice le rapport de l’Anses. Il est donc pressing de sensibiliser la communauté éducative, les professionnels de santé et l’entourage des jeunes à ces risques liés à l’exposition à la nicotine. » La coordinatrice de l’étude, Cécilia Solal, demande aussi que soit mis en place « un cadre réglementaire pour ces produits qui n’ont pour le second aucun statut clair et qui ne bénéficient d’aucun contrôle ».
L’Anses tire aussi la sonnette d’alarme sur les intoxications liées à l’ingestion accidentelle de tabac à mâcher ou à chauffer, par des enfants. Et signale « une nouvelle supply d’accidents domestiques avec les billes aromatiques », qui sont normalement insérées dans le filtre de la cigarette.
De trois en 2020, les appels aux Centres antipoison concernant ces produits, souvent confondus avec des bonbons, sont passés à 86 en 2022, touchant pour les trois quarts des enfants de moins de trois ans. L’agence réclame pour ces billes des emballages moins attractifs, et la mise en place de fermeture de sécurité.