Des procès en cascade. Le 17 novembre à Paris, un partisan de l’ultradroite qualifiant les juifs de « race impure qui doit être exterminée » est condamné à neuf ans de jail pour des menaces de tuerie de masse. Le 13 novembre, à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), une peine d’un an et demi est prononcée à l’encontre d’un militant d’extrême droite qui avait diffusé des tracts au contenu tel « Homme blanc, tu en as assez de voir les juifs qui détruisent le pays ? ». Le 4 novembre dans la capitale, un néonazi de 25 ans est condamné à cinq ans ferme pour des projets d’attentats ayant pour however de « plonger la République juive de France dans les flammes de l’enfer ». Fin juin, quatre membres de la cellule Waffenkraft, qui cite dans son manifeste des passages de Mein Kampf sur ce qu’elle nomme les « juifs parasites », sont condamnés en première occasion à des peines allant de dix-huit mois à trois ans de jail.
L’antisémitisme d’extrême droite n’appartient pas au passé. Depuis les attaques meurtrières du Hamas le 7 octobre, des dizaines de croix gammées ont été découvertes en France. Treize personnes, dont sept fichées S, ont d’ailleurs été interpellées à Paris ce week-end pour ce motif. Le secrétaire nationwide du PCF, Fabien Roussel, en a aussi reçu une, par mail, accompagnée de l’inscription « Sauvons la race blanche, écrasons les juifs ». N’en déplaise au président du RN, Jordan Bardella, pour qui l’antisémitisme se trouverait aujourd’hui dans le « fondamentalisme islamiste » et le « gauchisme culturel », c’est bien du côté de groupuscules et individus d’ultradroite que des projets d’attaques antisémites ont été les plus nombreux ces dernières années.
Dans une dialog d’un groupe de l’ouest de la France sur le réseau Discord, des propos antisémites comme « La place des juifs n’est ni en France ni en Israël mais à Auschwitz » sont régulièrement diffusés. Moins confidentiel, le Groupe union défense (GUD), tweete le 8 octobre : « Ni kippa ni kippa », détournant un vieux slogan identitaire, « ni keffieh ni kippa ». À l’instar du GUD, dont les anciens dirigeants – Frédéric Chatillon et Axel Loustau – sont toujours des prestataires réguliers du RN, plusieurs groupuscules fournissent régulièrement des militants et candidats au Rassemblement nationwide ou à Reconquête.
Soutien d’Éric Zemmour, Yvan Benedetti a, lui, quitté le FN en 2011 et créé un « web site d’data », Jeune Nation, raciste et antisémite, qui sévit toujours. Le personnage multiplie ces dernières semaines les sorties antisémites. Comme à propos de la présence d’Élisabeth Borne à la marche du dimanche 12 novembre : « La fille de Joseph Bornstein est juge et partie dans cette histoire, comme tous ses congénères qui occupent des locations de premier rang dans cette République. »
Ces websites et groupuscules ne font aujourd’hui l’objet d’aucune procédure de dissolution. Il a fallu une déclaration publique et sans équivoque pour que Civitas connaisse une telle procédure à la suite d’une conférence de l’essayiste Pierre Hillard, durant l’université d’été du mouvement catholique intégriste, dans laquelle il a émis le vœu de « retrouver la state of affairs d’avant 1789 », lorsque les juifs étaient exclus de la citoyenneté.
Malgré les faits, les droites dirigent leur regard vers la gauche. Pour des propos sans commune mesure avec ceux cités plus haut, la France insoumise devrait même « être dissoute », selon le sénateur LR Stéphane Le Rudulier ou la députée Renaissance Caroline Yadan.
Florent Le Du