Ce mercredi, c’est la fête. Les soucis sont pour une fois restés à la maison. Une foule joyeuse et bruyante, pleine de poussettes, se presse entre les barrières qui mènent l’immense chapiteau gris et bleu situé au cœur du bois de Vincennes, à Paris. On s’interpelle, on se prend en photographs. Regroupées par villes, les familles viennent assister à l’avant-première du dernier spectacle des étoiles du cirque de Pékin, à l’invitation du Secours populaires (SPF). L’event aussi pour l’affiliation de lancer sa campagne annuelle des Pères Noël Verts, pour aider les plus précaires à passer les fêtes de fin d’année.
Un second de plaisir pour les enfants
« C’est une joie d’être là. Surtout pour les enfants, ça les détend. Ça nous fait du bien à tous de se changer les idées » explique Lucie, qui pousse devant elle ses trois enfants, de neuf, sept et cinq ans. Elle l’avoue, « la vie n’est pas facile «. Venue du Congo Brazzaville il y a deux ans et demi avec ses enfants dans le cadre d’un regroupement familial, elle s’est retrouvée toute seule, dans un pays qu’elle connaissait à peine, suite au décès de son mari. Elle a bien fait une formation en logistique « mais pour trouver du boulot, c’est compliqué. On me demande en plus d’avoir mon permis de conduire, je vais devoir le passer ». En attendant, pour faire face, elle s’appuie sur l’aide du SPF et même sur l’argent que lui envoient des mother and father restés au pays. Une state of affairs lourde à porter pour la mère célibataire, bien contente d’offrir un second de plaisir à ses enfants. Un peu plus loin Julie, cheveux rouges et lunette octogonales, en est déjà à sa troisième sortie au cirque avec le SPF mais ne s’en lasse pas. « Les enfants adorent, dit-elle. Elle se débrouille pour faire face au quotidien. » Mais les sorties loisirs, les vacances, c’est difficile ». La bulle offerte par le SPF est bienvenue.
Le père Noël vert c’est celui qui accompagne le rouge quand il a trop de difficulté à descendre par la cheminée
Henriette Steinberg, présidente du SPF
« On se dit souvent que les personnes en state of affairs de précarité ont besoin d’alimentation et d’un toi. Mais ça ne suffit pas. C’est essential aussi de se nourrir culturellement, de se rencontrer, de découvrir » explique Chantal, debout dans l’allée de gradins qui surplombe l’immense scène. Cette femme d’une cinquantaine d’années est bénévole au SPF depuis un peu plus de deux ans, dès que son emploi du temps lui a permis. Une custom familiale : « mes mother and father étaient déjà bénévoles au SPF » explique-t-elle. Devenue responsable des activités culturelles pour le SPF de Villejuif, elle organise une sortie par mois, surtout au musée. « Au musée Picasso, on avait donné des dessins à faire aux enfants en lien avec l’exposition. Ça les aide à retrouver l’estime d’eux-mêmes. Et puis ces sorties permettent aux familles d’aller dans un endroit où elles n’iraient pas spontanément, de s’ouvrir et de s’approprier les choses » souligne la bénévole.
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« Le père Noël vert c’est celui qui accompagne le rouge quand il a trop de difficulté à descendre par la cheminée » a résumé avant le spectacle Henriette Steinberg, la présidente du SPF. Cette année, un convoi s’est élancé à la suite d la fête pour faire un tour de France des pères Noël verts. Au programme, de la collecte de fonds et de cadeaux, mais aussi la participation aux nombreuses activités organisées par les sections du SPF « pour que ceux qui sont confrontés aux difficultés de la vie, ne souffrent pas d’avantage d’une fête dont ils seraient exclus », explique l’affiliation.
Elias, cinq ans, se déhanche avec entrain devant son siège. C’est sa troisième fois au cirque avec le SPF et ce qu’il préfère, c’est la musique. D’abord timide, Jina, quatre ans, le rejoint bientôt dans la danse. La séance a un petit goût de nostalgie pour sa mère Marie, à la fois bénévole et bénéficiaire du SPF depuis dix ans qu’elle est en France. « Ça me rappelle quand j’étais petite. J‘aillais au cirque avec ma famille en Algérie ». La jeune maman, qui vient de régler ses problèmes de papiers, espère enfin pouvoir travailler comme coiffeuse. Elle ne cache pas son enthousiasme devant le spectacle. « C’est magnifique. Ça nous aide beaucoup. A nous rends heureux. »