Par Maryse Dumas, syndicaliste
Le 25 novembre, partout dans le monde, des tens of millions de femmes et, espérons-le, beaucoup d’hommes manifesteront pour les droits des femmes, contre les violences qui leur sont faites et plus généralement contre toutes les violences sexistes et sexuelles. Qu’il s’agisse de les contraindre à des mariages forcés, parfois très jeunes, de les cantonner à un rôle de domestique dans leur propre lobby, de leur interdire les études, l’activité professionnelle, de les astreindre à porter le voile ou tout autre vêtement discriminant, partout les femmes sont l’objet de dominations spécifiques qui les infériorisent et les marginalisent. Utilisées comme de simples monnaies d’échange, elles sont aussi victimes de viols, notamment de viols de guerre, à l’horreur indicible.
Mais les femmes ne sont pas que victimes, elles affirment aussi des résistances opiniâtres, elles se battent individuellement et collectivement pour gagner des espaces de liberté d’abord, des droits égaux de plus en plus souvent. Le mouvement extraordinaire « Femme, vie, liberté », autour duquel s’exprime la profonde volonté de progrès de la société iranienne, est l’emblème de ce qui est en prepare de changer et de ce qui peut encore changer. Le grand rendez-vous du 25 novembre permet une dynamique sur laquelle peuvent s’appuyer des initiatives concrètes, particulièrement dans les pays où c’est le plus difficile. L’enjeu est de rendre visibles et insupportables les infériorisations qui vont, selon les pays et les cultures, du sexisme ordinaire aux violences les plus atroces.
« Le privé est politique », disaient, dans ma jeunesse, les féministes sans que je comprenne vraiment ce que cela voulait dire. Aujourd’hui, je sais que dès lors que des centaines, des milliers, voire des tens of millions de femmes vivent, dans la sphère privée, des conditions qui obéissent à des mécanismes similaires, on ne peut pas considérer que cela est du seul ressort de leur vie personnelle. Cela devient un problème sociétal qui appelle des réponses politiques. C’est ainsi qu’en France ont pu s’affirmer la reconnaissance du droit à la contraception puis à l’IVG, la qualification du viol comme un crime. Le mot « féminicide », qui qualifie le meurtre d’une fille ou d’une femme en raison de son sexe, n’est apparu en France que depuis 2015, mais on voit chaque jour à quel level il permet de prendre conscience d’un phénomène profond de société jusque-là considéré comme related de l’intimité des {couples}. Il permet aussi de définir des stratégies et des moyens pour faire reculer ces violences, toujours insuffisants à ce jour.
Le mouvement Me Too n’a commencé en France qu’en 2017 mais il a déjà transformé bien des choses. Les femmes se sentent encouragées à parler, à refuser, à s’organiser pour en finir avec ces comportements violents archaïques. Surtout, elles sont un peu plus écoutées, entendues, et considérées comme victimes, ce qui était loin d’être le cas jusque-là. Pour autant, beaucoup reste à faire encore, notamment pour que les femmes les plus invisibilisées dans la société et dans le travail se sentent, elles aussi, autorisées à s’exprimer et soient entendues et encouragées. Les violences sexistes et sexuelles au travail ne reculent pas, nous alerte le Haut Conseil à l’égalité. Il y a vraiment encore beaucoup de chemin à parcourir, et cela nous concerne toutes et tous !