Pouvoir se former près de chez soi mais dans des circumstances adaptées quand on est demandeur d’emploi handicapé, c’est la promesse du dispositif « formation accompagnée ». Lancé en Normandie en 2019, il s’appuie sur l’expérience de deux établissements et providers de réadaptation professionnelle (ESRP).
Ces constructions de formation, 80 en France, ont été créées après guerre, leur spécificité est d’offrir à des stagiaires en scenario de handicap, en plus de leur formation, une prise en cost sur mesure through une équipe médico-sociale (médecin, infirmier, assistant social, ergothérapeute).
« À l’origine de ce dispositif, le premier constat était que l’offre de formation par les ESRP n’était pas assez élargie et ne correspondait pas forcément aux attentes des demandeurs d’emploi bénéficiant d’une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) », explique Michaël Segon, sociologue.
La volonté d’inscrire les personnes handicapées dans les dispositifs de droit commun
Avec plusieurs collègues du Centre d’études et de recherches sur les {qualifications} (Céreq), il a mené une recherche sur les premières années de cette expérimentation. Cette initiative, soutenue par l’agence régionale de santé (ARS), s’inscrit dans la volonté d’inscrire dans les dispositifs de droit commun les personnes handicapées. « Le premier problème rencontré par la formation accompagnée a longtemps été l’absence d’orientation, notamment par les Cap emploi – les constructions spécifiques dédiées à l’accompagnement vers l’emploi des personnes handicapées. »
Dans les deux ESRP qui conduisent le dispositif « formation accompagnée », des référentes emploi sont mises en place. « Elles ont mené tout d’abord un essential travail de prospection auprès des Cap emploi dans un contexte d’inquiétude de ces constructions sur leur avenir ». Le cœur de leur travail est toutefois l’accompagnement des stagiaires en scenario de handicap. « Plusieurs stagiaires que nous avions interviewés nous ont dit que leur soutien a été déterminant et que, sans elles, ils n’auraient pas sans doute pas pu terminer leur formation », souligne Michaël Segon.
Ces référentes emploi ont essentiellement apporté un soutien ethical, il leur a, en revanche, été difficile de mobiliser l’équipe pluridisciplinaire de leur ESRP. « Deux problèmes se posaient : la distance tout d’abord, les stagiaires étant répartis sur l’ensemble de la région ! L’activité de formation dans les murs des ESRP continuant, l’équipe médico-sociale était déjà largement occupée. » Cette nouvelle mission des ESRP n’a pas donné lieu à un financement supplémentaire de la half de l’ARS.
« Pour les organismes de formation, c’est aussi un changement de paradigme, même s’ils n’avaient pas attendu ce dispositif pour former des personnes handicapées », poursuit-il. Sur le terrain, l’inclusion ne se fait toutefois pas sans mal. « Le problème est que les formations n’ont été qu’accompagnées et pas adaptées, notamment dans le rythme et les horaires de formation. Tous les locaux n’étaient pas accessibles et certains stagiaires atteints de fatigue chronique se sont même entendu reprocher de n’être pas motivés », fustige le sociologue. Les promesses d’individualisation et d’inclusion se fracassent sur la réalité de formateurs qui ne disposent pas de la marge de manœuvre nécessaire.