Qu’on se le dise : les climato-sceptiques peuvent toujours mener bataille, ils ont perdu la guerre. C’est ce que montre clairement le Rapport annuel sur l’état de la France, publié mercredi 25 octobre par le Conseil économique, social et environnemental (Cese). On y apprend qu’avec le pouvoir d’achat, l’environnement constitue l’un des trois premiers sujets d’angoisse des Français, pour leur avenir personnel comme pour celui du pays ou de la planète (la santé, sur le plan personnel, et l’insécurité, sur le plan général, complètent ce tiercé). L’un n’allant décidément pas sans l’autre, c’est aussi le paramètre économique qui, selon le sondage (Ipsos) qui accompagne le rapport, constitue le premier frein à la transition écologique.
Huit Français sur dix se disent inquiets des conséquences du changement climatique pour le monde. Ils sont à peine moins nombreux (74 %) à manifester la même inquiétude pour la France, et aussi pour eux-mêmes et leur famille (64 %). Demi-surprise : contrairement à un cliché répandu, on ne mesure guère de différence entre les générations sur ce sujet. C’est bien à la naissance d’une conscience écologique partagée que l’on assiste, les personnes interrogées jugeant tout à la fois que l’motion en la matière doit être globale (33 %), du ressort des États, gouvernements, collectivités (28 %) et des entreprises (17 %) avant « la inhabitants » (8 %). En posant ce constat, le Cese observe que la loi de programmation énergie-climat, qui aurait dû être promulguée avant le 1er juillet, « se fait toujours attendre ». Surtout, insiste la troisième assemblée constitutionnelle de la République, elle doit « aborder la query du financement de la transition écologique, public comme privé » afin de répondre à un impératif : « Agir pour une transition juste. »
Près des deux tiers des sondés n’ont pas franchi le pas de la voiture électrique
Or, on en est loin : c’est l’autre constat, beaucoup moins encourageant, posé par le rapport. Quand on demande aux Français ce qui freine leur engagement dans la transition écologique, le critère financier intervient dans 69 % des cas, soit par manque de moyens (37 %), soit faute d’éligibilité aux aides (17 %), soit par manque d’alternate options « accessibles et abordables » (15 %). Ainsi, près des deux tiers (65 %) des sondés n’ont pas franchi le pas de la voiture électrique et, surtout, déclarent qu’ils n’en ont nullement l’intention. Voilà qui devrait inciter à revoir (très) en profondeur les orientations en matière de politique des transports, histoire de sortir de la course à l’électrification…
Le Cese constate, comme d’autres avant lui, qu’inégalités et discriminations – sociales, territoriales, liées à l’origine… – non seulement persistent, mais s’accroissent et « se traduisent par de plus grandes difficultés d’accès à l’emploi, à l’enseignement supérieur, à la santé, aux providers publics et à la mobilité ». L’establishment tire ainsi « le sign d’alarme sur l’accumulation des crispations liées à l’accroissement de la pauvreté et de l’exclusion sociale », qui entraîne « l’augmentation du sentiment d’injustice et d’abandon ».