« Mépris », « désastre », « vacuité du pouvoir central », « asphyxie ». Voilà les mots entendus de la bouche des maires de Ville et Banlieue venus souffler les 40 bougies de l’affiliation, la semaine dernière, à Lyon. Quarante ans après la Marche pour l’égalité et contre le racisme, les élus locaux étaient rassemblés pour réaffirmer que la politique de la ville n’est pas une politique pour les quartiers mais pour la nation tout entière. Il y a plus que jamais urgence à demeurer dans le récit nationwide, à éviter notre cornérisation dans le champ politique et à repolitiser la query urbaine et sociale. Selon le titre de l’appel criant de Lyon intitulé « Faisons République ensemble ! » : « Nous ne pouvons accepter que, dans une France républicaine, perdurent des inégalités flagrantes. Nous devons porter l’espoir et montrer que les quartiers populaires sont une richesse. »
Nos défis sont ceux d’un séparatisme démocratique d’en haut avec sa machine élitiste abonnée au mépris, à la condescendance, voire à l’indifférence, mais aussi les crispations d’en bas avec une pauvreté galopante et de trop nombreuses divisions chez les courses populaires. Tout cela sous les vents forts et nauséabonds du racisme et de la maltraitance médiatique ! Hasard du calendrier ou orchestration politique, lundi, le président de la République recevait au « Palais » 300 acteurs du sport pour valoriser les « coachs d’insertion par le sport » et faire vivre nos fabuleuses histoires sportives avec ses golf equipment, leurs éducateurs et leurs bénévoles. La parole présidentielle y fut celle d’une humilité retrouvée dans un contexte de tensions post-émeutes. Et ce jour, c’est à la prestigieuse Sorbonne que la première ministre accueillera 500 maires où il sera query des responsabilités familiales, des réseaux sociaux mais aussi de réponse sécuritaire.
Demain, c’est le maintes fois reporté comité interministériel à la ville (CIV) qui se tiendra à Chanteloup-les-Vignes, avec des outils attendus sur les copropriétés dégradées ou l’extension des cités éducatives, mais aussi des absences sur le droit commun, la doctrine policière, les discriminations ou le travail social. Il est à noter l’entêtement libéral à promouvoir, dans nos quartiers, cette fabrique à précariat qu’est l’autoentrepreneuriat, comme si le salariat n’était pas un horizon pour nos habitants.
Au-delà de l’écume de l’actualité, la state of affairs nous oblige à faire s’éloigner le spectre de la rupture avec la nation et à écrire un livre blanc sur nos quartiers. Un CIV n’est pas une baguette magique mais reste indispensable pour remplir notre boîte à outils locale. Il y a fort à parier que l’ambition sera la grande absente, laissant un vide pour créer un nouvel imaginaire et un nouveau récit nationwide afin de sortir nos quartiers du prisme réel mais réducteur du trafic de drogues et des violences urbaines.