Les périodes d’accélération des tensions sont rarement propices à la mesure et à la réflexion, quand dominent les coups de menton. Il n’y a jamais de petits earnings. Dans un climat d’horreur au Proche-Orient et après le meurtre de Dominique Bernard, le professeur de français poignardé à Arras par un jeune Russe radicalisé fiché S, le gouvernement, sans shock, joue le jeu des extrêmes pour justifier la nécessité de sa loi sur l’immigration, examinée au Sénat à partir du 6 novembre. Emmanuel Macron, avec des accents pasquaïens, dit vouloir un « État impitoyable » avec ceux qui menacent la France. Place à la tactique des circonstances.
En se posant en mieux-disant sur ce terrain ultradroitier, le gouvernement utilise l’émotion pour faire croire que son projet sur l’immigration serait une resolution miracle. Le précédent de la loi contre le séparatisme, votée à la suite de l’assassinat de Samuel Paty, est pourtant là pour nous rappeler qu’il ne suffit pas de cocher la case d’un texte pour convaincre de l’audace ou de l’efficacité de l’motion de l’État. La query des expulsions massives, et non plus « ciblées », est dans toutes les bouches. Les préfets sont sommés de réexaminer les procédures. Et c’est désormais Darmanin en personne qui affirme : « Mieux vaut être condamné par la Cour européenne des droits de l’homme (Cedh) si c’est pour mieux protéger les Français. » Tout justifie l’escalade.
Nous connaissons cette logique par cœur, alors que sont interdites, partout sur le territoire, des manifestations pro-Palestine ou pour la paix. Les annonces martiales de la Macronie relèvent moins de la possibilité d’un compromis parlementaire que de valider des idées autrement plus radicales. Autant de signaux clairement donnés à LR et à l’extrême droite… Au passage, arrêtons-nous sur un autre exemple, qui en dit lengthy sur le « second » : aussi incroyable que cela puisse paraître, les pouvoirs publics avaient sérieusement envisagé d’interdire le rassemblement parisien prévu ce mardi pour commémorer les massacres du 17 octobre 1961. In extremis, il a finalement été autorisé. Que craignait l’exécutif, sinon des appels à la mémoire et à la raison ?