Un vent mauvais souffle sur l’Europe. La Confédération européenne de syndicats (CES) a donc décidé d’agir. L’organisation continentale a appelé ses syndicats nationaux adhérents à manifester contre les mesures d’austérité qui pointent leur nez dans les discours tenus par la Fee européenne comme dans les budgets 2024 en préparation dans les États membres.
Appel reçu cinq sur cinq par l’intersyndicale française. À l’heure où le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, cherche un milliard d’euros d’économies supplémentaires, dans le price range de l’État, aux 16 milliards déjà annoncés, « chez les salariés, un constat s’impose : leur travail ne leur permet plus de vivre. Il faut garantir leur pouvoir d’achat », assène Sophie Binet dans un entretien exclusif à l’Humanité journal.
Alors que 200 actions sont annoncées ce vendredi partout en France, Esther Lynch, secrétaire générale de la CES, explique remark la conjonction des mobilisations dans tous les pays européens va peser sur Bruxelles et les États membres de l’Union.
Pourquoi appelez-vous à la mobilisation générale des travailleurs partout en Europe ?
Cette journée de mobilisation est très importante, automotive nous craignons que partout, en Europe, les États nous mènent insidieusement vers des politiques d’austérité. Cette lutte à l’échelle du continent va nous aider à mettre en lumière le hazard d’un retour, d’ici à la fin de l’année, des mêmes règles d’austérité que celles que nous avons connues et subies après la crise financière de 2008. Les travailleurs n’accepteront pas ce tournant.
Arrêtons de parler continuellement d’Europe sociale sans jamais agir. Faisons-la vraiment ! L’heure n’est pas aux coupes budgétaires, à compter les sous alors qu’il nous faut anticiper l’avenir. L’heure est aux investissements et à de nouveaux droits en faveur des travailleurs.
Dans quels pays attendez-vous des mobilisations ?
Des manifestations ont déjà eu lieu en Autriche, en Finlande, en Slovaquie et en Slovénie. D’autres vont se poursuivre en Belgique ou en Espagne. Celles en Italie s’annoncent massives. Partout en Europe, nous sommes engagés dans ce mouvement commun pour affirmer que nous n’accepterons pas qu’un processus mis en place au niveau de l’Union donne mandat aux États pour couper dans leurs protections sociales et leurs companies publics.
Nous globalisons les luttes pour empêcher que des gouvernements prennent des mesures austéritaires en se cachant derrière l’alibi européen, en nous disant : « On ne peut pas faire autrement, c’est l’Europe qui l’impose. » Les mobilisations vont casser le secret qui entoure le choix de l’austérité.
Plusieurs mouvements sociaux d’ampleur ont eu lieu en Europe ces derniers mois, comme celui contre la réforme des retraites en France. Hélas sans succès. Remark être sûr que ce week-end de mobilisations débouche sur des good points pour les travailleurs ?
Je pense que, contrairement à 2008, les travailleurs connaissent les conséquences de ces politiques d’austérité. Ces dernières années, ils ont dû puiser dans leur épargne pour faire face à la baisse d’activité lors de l’épidémie du Covid. Puis, l’inflation s’est installée. Et, « cerise sur le gâteau », les taux d’intérêt ont augmenté, exacerbant les problèmes du quotidien. Si l’on y ajoutait maintenant de l’austérité, les travailleurs ne le supporteraient pas.
Quelles options voyez-vous contre l’inflation ?
Nous demandons des taxes exceptionnelles sur les superprofits. Ceux qui accumulent actuellement de larges bénéfices doivent plus contribuer. Nous avons besoin de companies publics forts dans les transports, le logement, la petite enfance, la santé… Tous ces biens communs ne peuvent pas être financés à la hauteur des besoins si s’abat une nouvelle imprecise d’austérité.
Nous avons aussi besoin d’investir bien plus massivement dans les transitions numérique et écologique. Pour nous, il s’agit d’investissements pour les peuples, pour l’emploi, pour les situations de travail, pour le plus grand bénéfice de nos économies. Il ne s’agit pas de coûts, comme on l’entend de plus en plus.
Ces mesures ne sont ni utopiques ni irréalistes. La preuve : les États-Unis sont en practice de les mettre en œuvre avec le grand plan d’investissements de Biden. Tous ces progrès sont difficiles à obtenir. Voilà pourquoi nous revendiquons aussi plus de pouvoirs en faveur des organisations de travailleurs, afin que celles-ci puissent peser plus lourdement dans les négociations salariales, participer aux discussions stratégiques et porter leurs options.
La confédération est favorable à une taxe sur les plus riches. Remark pourrait-elle être mise en œuvre au niveau européen ?
Sur ce sujet, un travail commun au sein de la Confédération européenne des syndicats et de toutes ses organisations nationales adhérentes est très necessary. Automotive nous ne voulons pas voir les États membres relancer leur compétition pour toujours moins de taxes, d’impôts, pour des salaires toujours plus bas et des situations de travail dégradées.
À l’inverse, nous voulons une économie européenne dynamique fondée sur des emplois de qualité et une fiscalité juste et progressive. En juin, les partis politiques de tous les États membres vont revenir devant leurs électeurs. Lors des prochaines élections européennes, les citoyens pourront déterminer quelle Union ils souhaitent : une Europe qui se dresse pour les droits des travailleurs ou une Europe des earnings ?
Nous devrons alors nous assurer que les forces progressistes reviennent en nombre au Parlement et qu’elles soient bien représentées parmi les commissaires de la prochaine Fee européenne.
Pourquoi faites-vous de l’égalité femme-homme le cœur des revendications de ces mobilisations ?
Aujourd’hui déjà, les femmes sont les premières victimes des discriminations dans le travail. Elles sont plus nombreuses que les hommes à subir les bas salaires et les temps partiels. Un retour de l’austérité les frapperait directement puisque pèsent aussi sur elles la cost familiale, les coupes budgétaires s’abattant en priorité sur l’éducation, la petite enfance, les transports publics, le logement.
Et quand les entreprises sont elles aussi touchées par ricochet par les réductions des investissements et dépenses publiques, les programmes sur l’égalité homme-femme et contre les discriminations sont les premiers à en faire les frais. Leur évolution de carrière, augmentations à la clé, l’accès à la formation, ne sont alors plus des priorités. La lutte contre l’austérité et pour les salaires relève donc aussi d’enjeux féministes.