Le prix Nobel d’économie 2023 a été attribué à la chercheuse américaine Claudia Goldin, professeure à l’université d’Harvard. Cette dernière est notamment connue pour ses travaux sur l’inégalité salariale qui croisent des analyses sur les biais de style et le système capitaliste. À ce titre, la chercheuse s’est interrogée sur la nature des blocages à l’égalité au travail.
Après avoir regroupé et étudié énormément de données portant entre autres sur l’évolution des écarts de revenus entre femmes et hommes et sur les différences selon la career, Claudia Goldin pointe : « Les horaires irréguliers et longs sont survalorisés. »
Autrement dit, les entreprises rémunèrent davantage les salariés lorsqu’ils peuvent produire de manière plus longue et sans demander de flexibilité dans leurs horaires. Les heures de travail « valent davantage lorsqu’elles sont données à des moments particuliers » et qu’elles « sont plus continues ».
Ainsi, le marché de l’emploi pénalise les personnes ne souhaitant pas (ou ne pouvant pas) donner leur vie entière au travail. À l’inverse, il surrécompense l’exploitation des salariés en exigeant d’eux une double démonstration : celle de leur capacité à effectuer des heures supplémentaires, mais également de leur persévérance à le faire sur une longue durée. C’est ce que Claudia Goldin désigne par le terme « travail cupide » (« grasping work »).
Or, les femmes sont moins enclines à travailler de manière longue et non versatile. En effet, comme le rappellent aussi les travaux du CNRS, la principale masse de la cost mentale domestique repose sur les femmes. Pour reprendre la définition de la chercheuse Nicole Brais, on peut définir cette cost comme le « travail de gestion, d’organisation et de planification qui est à la fois intangible, incontournable et fixed, et qui a pour objectif la satisfaction des besoins de chacun et la bonne marche de la résidence ». En conséquence de quoi, l’écart de salaires entre les sexes se nourrit de l’absence de linéarité entre les positive aspects et le temps travaillé : les femmes ayant moins de flexibilité.
Pour prétendre atteindre une égalité salariale, Claudia Goldin soulève la nécessité d’apporter des changements structurels au marché du travail, en désincitant les entreprises à favoriser les salariés qui travaillent de manière trop longue et sur des horaires particuliers ; ceci afin de réduire la dépendance de la rémunération à l’égard de segments de temps précis. Par ailleurs, la chercheuse appelle à une meilleure répartition du travail domestique.
Pour terminer, rappelons-nous qu’il conviendra de se féliciter uniquement le jour où des femmes seront régulièrement récompensées pour leurs travaux de recherches, sans que ces derniers n’aient à lutter encore et toujours contre les inégalités qu’elles subissent.