Quelques mots griffonnés sur une feuille, comme une dernière volonté, un cri d’alarme. « Je fais cet acte contre la Banque de France », écrivait ce délégué du personnel juste avant de mettre fin à ses jours. Depuis ce drame, en juin, auquel s’ajoute le geste d’un autre salarié à son domicile, la Banque de France 1 a été obligée de diligenter une enquête interne pour suicide, à la suite d’un comité social et économique (CSE) exceptionnel. Les conclusions de cette investigation ne seront connues qu’à la fin du mois, mais de multiples alertes auraient dû faire réagir la path.
Toutes les organisations syndicales sont unanimes pour dépeindre un climat « anxiogène » et « délétère » qui a entraîné une montée en flèche des risques psychosociaux (RPS). « L’ensemble des thermomètres de la Banque de France ont viré au rouge, et la path a continué au détriment de la santé des brokers et de la qualité du service public », résume Hugo Coldeboeuf, secrétaire général de la CGT Banque de France.
Une baisse de 22 % des effectifs en cinq ans
C’est en 2017 que les premières alarmes retentissent, un an après la mise en place du plan Ambition 2020. Pour François Villeroy de Galhau, ancien directeur de la BNP Paribas, devenu gouverneur de la Banque de France en 2015, l’objectif est d’accroître la rentabilité de l’establishment en baissant « de 10 % les dépenses nettes ».
Les effectifs passent de 12 269 brokers équivalents temps plein en 2015 à 9 535 fin 2020, soit une baisse de 22 %. Entre 2010 et 2015, 9 % des postes avaient été supprimés. Huit ans plus tard, le contrat est rempli, puisque les dépenses ont reculé de 3,5 % par an.
Pour les brokers de la Banque de France et leurs organisations syndicales, derrière les chiffres se cache une tout autre réalité. « Ambition 2020 » s’avère être une véritable machine à broyer les salariés. Dès 2017, les élus du personnel, s’appuyant sur plusieurs rapports d’experience réalisés par Secafi et Technologia, sonnent l’alarme.