L’hommage à Aboubakar Cissé, organisé dimanche 27 avril à Paris, méritait mieux. Dénoncer l’assassinat d’un musulman en pleine mosquée de La Grand-Combe (Gard) devrait amener à faire bloc. Et pourtant, le député PS Jérôme Guedj a été poussé à quitter le rassemblement, des personnes lui criant « dégage ! », « sioniste ! », « fils de pute ! », pendant que d’autres élus PS étaient laissés tranquilles.
« Il y a eu un crime odieux, raciste, antimusulman, islamophobe, et donc j’ai voulu manifester, a-t-il réagi. Moi je suis un universaliste républicain, donc quand un musulman, un catholique ou un juif est assassiné, je pense que c’est la République qui est fragilisée. J’ai été rejeté par des excités qui renoncent à ce combat antiraciste unitaire. »
Le député pointe qu’il est de plus en plus traité de « sioniste ». Quel est le sens de cette attaque ? Si être sioniste signifie défendre le droit d’Israël à exister, alors une immense majorité de la gauche l’est de fait. Si être sioniste renvoie à une prétendue défense de la politique de Netanyahou, alors l’immense majorité de la gauche ne l’est pas… Jérôme Guedj a rappelé qu’il ira « manifester contre Netanyahou samedi soir à Tel-Aviv », avant de se rendre « en Cisjordanie » : « L’engagement de ma vie est pour une solution à deux États. »
« C’est le rêve de l’extrême droite, la guerre de tous contre tous »
Le député pense avoir été « renvoyé à (s) es origines » juives. Alors que l’antisémitisme est si souvent instrumentalisé pour empêcher toute critique de la politique israélienne, certains semblent décidés à marquer des points contre leur camp… « Violenter un socialiste universaliste à l’hommage organisé pour un compatriote musulman. C’est le rêve de l’extrême droite, la guerre de tous contre tous. Quand briserons-nous cette chape de plomb identitaire qui nous détourne de la fraternité humaine ? » a réagi le sénateur PCF Pierre Ouzoulias.
Face à l’islamophobie, une musulmane a annoncé, dimanche, qu’elle ne se sentait plus en sécurité en France. Un témoignage qui a provoqué les larmes de Jean-Luc Mélenchon. L’heure est donc à rester unis. Et pourtant, l’eurodéputée LFI Rima Hassan a accusé sur X la maire PCF de La Grand-Combe, Laurence Baldit, d’avoir essayé d’empêcher la marche en hommage à Aboubakar dans sa ville, en plus de ne pas y avoir assisté. L’insoumise a diffusé un message vocal dans lequel l’un des organisateurs lance au sujet de la maire : « Elle est raciste. »
Le député LFI Aly Diouara a, lui, accusé l’élue d’incarner « l’islamophobie d’État ». « Je trouve extrêmement malsain, devant la mort d’un jeune, de penser à autre chose qu’au respect dû à la victime et à la communauté musulmane en se livrant à des tentatives d’instrumentalisation politique qui divisent au lieu de rassembler », a répondu la maire.
Une marche réussie malgré les divisions
L’édile précise que trois élus de sa majorité avec qui elle n’a pas de « bonnes relations » ont lancé la marche sans l’associer, et « sans consulter ni informer les autorités religieuses locales », qui se sont « dans un premier temps senties dépossédées ». Le recteur de la mosquée de Nîmes a d’ailleurs d’abord dénoncé une récupération politique dans la presse locale.
La manifestation a finalement été un succès, rassemblant citoyens, représentants du culte et élus communistes. Laurence Baldit était, de son côté, retenue en réunion avec le ministère, le préfet et le procureur. « Cela n’enlève rien au soutien que j’apporte à toute la communauté musulmane, qui sait pouvoir compter sur moi », insiste-t-elle.
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