Le hasard fait parfois bien les choses. Il y a quatre mois, Jean-Marc Tellier, député PCF du Pas-de-Calais, lançait sur sa circonscription une campagne « On ne veut pas l’aumône ». Objectif : rencontrer les habitants et récolter des signatures sur une pétition contre la vie chère pour les déposer à la sous-préfecture de Lens au début de l’automne. De quoi rejoindre l’appel lancé par Fabien Roussel dans l’Humanité à « se rassembler devant les préfectures » le 11 septembre dernier.
Un peu moins d’un mois plus tard, cette menace s’est concrétisée pour la première fois. Face aux élus locaux et au député du Nord voisin, un parterre de plus de 350 personnes. Entre les deux, 12 urnes représentant chacune des communes de la 3ème circonscription du Pas-de-Calais, remplies au complete de plus de 11 000 signatures, soit 10% de la inhabitants locale, illustrant les difficultés de la deuxième région la plus pauvre de France.
Un rassemblement « digne, pacifique mais déterminée », sourit Fabien Roussel, comme un clin d’œil à ceux qui critiquaient la « violence » de son appel à « envahir » les préfectures. La première, mais pas la dernière, promet le secrétaire nationwide du PCF. « Cette mobilisation est la première d’une longue série, dans les 3 semaines qui viennent, il est prévu 215 mobilisations devant les préfectures », promet-il.
Le carburant et l’alimentation, préoccupations majeures
Dans son viseur, « on va se battre pour refuser les hausses d’impôts et de taxes qui pèsent sur l’essence et l’alimentation », clame-t-il. Des revendications qui font écho aux problématiques des Pas-de-Calaisiens présents. Serge estime pourtant ne pas avoir à se plaindre de sa retraite, mais même lui et sa femme « évitent de manger de la viande » face à l’augmentation du prix des denrées alimentaires. « L’autre jour, on a acheté une côte d’agneau, on en a eu pour 23€ », remarque-t-il estomaqué.
La query du carburant est aussi une problématique majeure dans un bassin de inhabitants où l’emploi s’est raréfié. « Les gens sont obligés de rouler, la plupart des gens vont travailler sur Lille, ils sont ici parce que les loyers sont moins chers, mais l’essence, il faut la payer », notice Serge. Michel, lui, évoque sa fille dont les trajets quotidiens dans la capitale des Hauts-de-France mangent presque 15 % de son salaire. « Elle travaille pour payer son aller-retour au travail », ironise-t-il.
Sur le parvis de la sous-préfecture, Jean-Marc Tellier égrène des témoignages encore plus difficiles de gens « qui sautent un repas par jour » ou d’une dame qui « utilise le service Drive pour être sûre de ne pas dépasser son finances ». Les propositions pour éviter cela, Hervé, employé de la fonction publique qui se dit également « touché » par l’inflation, en suggest : « J’attends que le gouvernement augmente les salaires et bloque les prix sur l’alimentation ».
Fabien Roussel appelle à manifester devant Bercy
Des revendications portées par les communistes, notamment en « indexant les salaires sur l’inflation », souligne Jean-Marc Tellier. Quant au blocage des prix, « c’est attainable », répond Fabien Roussel. « Le code du commerce permet à l’État de se saisir du problème et, dans des conditions d’urgence, de bloquer les prix à la baisse », explique le député du Nord qui assume vouloir un gouvernement qui « administre l’économie », dans les domaines de l’alimentation et du carburant, mais aussi sur l’énergie, « un sujet central ».
Et à Bruno Le Maire qui lui répond ne pas pouvoir automobile cela coûterait trop cher, l’élu communiste réplique qu’il « faut taxer les compagnies pétrolières, elles n’ont jamais gagné autant d’argent, ce que l’État va perdre en baissant la TVA, il le récupère en taxant les superprofits ». Et appelle à une grande mobilisation devant le ministère de l’Économie en novembre.
Jean-Marc Tellier embraye en rappelant que la gauche « ne veut pas augmenter les impôts des gens, ce qu’on veut, c’est que l’on revoit la fiscalité des entreprises du CAC 40 qui profitent de défiscalisations, et surtout qu’on arrête de leur donner sans contrepartie ».
Si la campagne lancée par le député du Pas-de-Calais a été un succès, il faut désormais « aller au bout », estime-t-il. Fabien Roussel remarque, en effet, « beaucoup de résignation mais aussi de colère, il ne faut pas qu’elle soit rentrée, on doit pouvoir la porter et lui donner un débouché, c’est ensemble qu’on fera bouger les choses ». Un message qui motive Jocelyne, retraitée. Pour elle, comme pour tant d’autres, « la vie n’est pas facile, on n’arrive plus à joindre les deux bouts, tout est difficile, les programs, les loyers, l’EDF, on ne s’en type plus, c’est inconceivable de vivre ». La resolution à ses yeux, « il faut manifester ». Lors des rassemblements qui vont se multiplier à l’initiative du PCF, mais aussi le 13 octobre, à l’appel des syndicats.
Morgane Chaumier