« Comment fait-on, quand on est gravement malade ? » « Monsieur Ka » s’agite sur sa chaise. Le septuagénaire a franchi, ce lundi 14 avril, la porte de la permanence parlementaire établie rue Aristide-Briand, aux Mureaux, pour un appel à l’aide. En face de lui, Dieynaba Diop, députée socialiste de la 9e circonscription des Yvelines. Elle écoute, acquiesce, griffonne sur son carnet. Elle donne du « tu », demande à être tutoyée en retour.
« Donc, tu as des rendez-vous avec des cardiologues, mais ensuite tu n’as personne pour interpréter les comptes rendus ? » Il confirme : « Oui, ils ne savent pas où les envoyer, parce que je n’ai pas de médecin traitant. » L’échange est ponctué d’expressions en peul : la députée et son administré sont tous deux originaires du Sénégal.
Orienter malgré un manque d’accès aux soins
Habitant de la cité Renault, l’un des grands quartiers populaires des Mureaux, « monsieur Ka » est atteint d’insuffisance cardiaque, une pathologie qui nécessite un suivi médical très régulier. Mais, malgré ses demandes, il se heurte au refus systématique des généralistes, déjà surchargés de patients, de l’intégrer dans leurs fichiers.
L’accès aux soins est une grande problématique du territoire : Dieynaba Diop le sait bien. « C’est l’un des sujets sur lesquels on me sollicite le plus et où mon action reste, malheureusement, limitée », témoigne-t-elle. Malgré tout, elle maintient une veille assidue afin d’orienter ses administrés vers les nouveaux cabinets et maisons médicales qui s’installent, au compte-goutte, sur sa circonscription.
Côté législation, la députée renvoie à la loi pour la régulation de l’installation des médecins, votée le 2 avril, à l’initiative de son collègue de groupe Guillaume Garot. Son effet ne réglera pas immédiatement la pénurie de professionnels de santé qui touche tout le territoire français, mais la députée se dit impatiente d’en « voir l’application concrète sur (sa) circonscription ».
Maintenir le lien
« Monsieur Ka », lui, « a la chance de bien connaître sa maladie. Il connaît ses droits et il parle bien français », assure Dieynaba Diop. Mais, pour les personnes isolées, l’accès aux soins est parfois plus complexe. Une situation évoquée un peu plus tôt par Élodie et Claude. Représentantes locales de l’association les Petits Frères des pauvres, elles sont venues rencontrer leur députée pour évoquer leur travail auprès des personnes âgées de plus de 50 ans qui souffrent de solitude et d’isolement. « Quand on va chez eux, souvent, on se rend compte que certains n’ont pas vu de médecin depuis dix ou quinze ans », alerte Claude.
La militante associative se souvient d’un exemple marquant : celui de Jean-Jacques, qui a pu être replacé dans un parcours de soins grâce à l’ONG. Or celle-ci fait face à un besoin croissant de bénévoles. « On peut déjà mettre un encart dans le journal de la ville pour en parler, propose la députée. Ensuite, je voulais justement organiser une journée dédiée aux associations sur la circonscription. »
« Je veux que les administrés se disent qu’ici, c’est leur maison »
Le tissu d’associations solidaires est un marqueur fort de la 9e circonscription des Yvelines. Dieynaba Diop garde un œil attentif à leur développement. « J’essaye de me demander comment on peut être utile du point de vue législatif, comment on peut les soutenir, quelles facilités administratives on peut leur apporter », énumère l’élue.
C’est également pour parler de son engagement associatif que Dogan, un jeune des Mureaux, fait le pied de grue devant le bureau de Yasmine, la collaboratrice de la socialiste. Cette dernière vante leur travail parlementaire : « C’est une députée assez proche des gens, qui aime bien intervenir dans l’associatif. » Dieynaba Diop a prévu de lancer des permanences délocalisées et itinérantes.
En dehors des Mureaux, la circonscription est essentiellement rurale et composée de petits villages qu’il s’agit, pour l’élue, de désenclaver. Au mois de mars avait aussi lieu une permanence thématique et sans rendez-vous sur les droits des femmes, et la prochaine aura pour thème le handicap. « Je veux que (les administrés) se disent qu’ici, c’est leur maison : qu’ils puissent faire le lien entre mon activité de parlementaire et eux », affirme Dieynaba Diop.
Une circonscription de droite
Une maison dans laquelle les Yvelinois peuvent venir bavarder quelques instants, passer une tête, exprimer leurs idées et leurs mécontentements, ou évoquer des empêchements plus sérieux.
Il n’est pas rare que ses administrés fassent remonter des difficultés de logement et de mobilité. « Récemment, il y a une maman avec un enfant en situation de handicap qui nous a sollicités. Elle fait des demandes de logement, elle ne s’en sort pas. On essaye de l’aider. » Ce jour-là, c’est pour un problème de visa que Dahany s’engouffre dans le petit cabinet à front de rue. « Je suis originaire du Burkina Faso. Chaque année, ou tous les deux ans, ma mère vient en vacances en France voir ses enfants. Nous n’avons jamais eu de problème. Mais cette année nous n’avons aucune nouvelle du consulat », expose-t-il. En sa qualité de parlementaire, Dieynaba Diop promet d’essayer de faire bouger les choses.
La socialiste sait aussi que le lien avec les administrés est un enjeu de réélection. Depuis les législatives de 2024, tous les députés tous bords confondus savent qu’une nouvelle dissolution est possible : ils sont en campagne permanente.
A fortiori Dieynaba Diop, première élue de gauche depuis 1986 dans ce territoire historiquement à droite et désormais menacé par le RN. « Si je ne rencontre pas les gens de droite, je ne rencontre personne dans ma circo, sourit-elle. Parfois, j’entends des trucs qui me hérissent le poil. Par exemple, je suis contre l’armement de la police municipale, contre les peines plancher et je crois beaucoup à la justice réparatrice. On confronte nos visions. Mais sur l’essentiel, on a les mêmes préoccupations : les politiques de logement, d’accès aux soins, de sécurité, de mobilité. Ce qui diverge, c’est la façon dont on répond au constat. Pour moi, le service public est la meilleure réponse face à l’extrême droite »
Et si les sollicitations sont rarement conflictuelles («on n’est pas sur les réseaux sociaux », aime à dire la députée), Dieynaba Diop le reconnaît : « Parfois, on a des gens qui viennent dans une colère compréhensible. Il faut les écouter. Ici, on prend le pouls de la population en temps réel. C’est important de rester connecté. »
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