Peut-on exercer un rôle politique au sein du Giec tout en publiant des rapports scientifiques promouvant une technologie controversée ? Pour Oliver Geden, la réponse semble être oui. À la tête du pôle « politique climatique » du think tank berlinois SWP, l’influent chercheur est un conseiller de longue date des gouvernements allemands. Anthropologue de formation, il est aussi un membre important du Giec, l’organisation internationale fondée en 1988 pour évaluer l’ampleur, les causes et les conséquences du réchauffement climatique en cours.
« Le Giec est à la jonction de la politique et de la science, explique le politologue Adam Standring, chercheur à l’université d’Örebro, en Suède. Le fait d’être à cheval entre ces deux mondes est une des raisons de son succès mais également un sujet de controverse. »
Afin de limiter les conflits d’intérêts qui ont émaillé son histoire, l’institution s’est dotée en 2011 d’un règlement en la matière qui se révèle des plus sommaires. « La qualité d’une politique de lutte contre les conflits d’intérêts dépend de sa mise en œuvre », remarque Pascoe Sabido, de l’ONG Corporate Europe Observatory. Contacté à ce sujet, le Giec affirme que « tous les participants aux processus du Giec sont soumis à l’examen permanent des conflits d’intérêts. »
Dans le cadre du 6e rapport du groupe d’experts, publié entre 2021 et 2023, Oliver Geden a exercé le rôle d’auteur principal au sein du groupe 3, consacré à l’atténuation du changement climatique. Il a ainsi contribué au « résumé pour décideurs », le document le plus politique.
Les CDR, une « pensée magique à la comptabilité discutable »
Spécialisé dans l’étude des politiques climatiques et énergétiques, Oliver Geden fait aujourd’hui figure de référence mondiale en matière de CDR (Carbon Dioxyde Removals). Ces technologies visent à retirer le CO2 dans l’air, avant de le stocker sous terre durant des milliers d’années à l’aide du CCS. Ces « émissions négatives » permettent aux modélisateurs du groupe 3 d’imaginer des scénarios visant la neutralité carbone à l’échelle mondiale en 2100.
Jusqu’au mitan des années 2010, l’Allemand était pourtant un