Dans un entretien accordé à Paris Match, Hélène Perlant, la fille de François Bayrou, révèle avoir elle aussi été victime de violences durant un camp d’été organisé par la congrégation de Bétharram.
Trente ans de silence. Hélène Perlant fille du Premier ministre François Bayrou, raconte à Paris Match les violences qu’elle a subies dans sa jeunesse lors d’un camp d’été organisé par la même congrégation à laquelle appartient l’école de Bétharram.
Elle témoigne également dans “Le silence de Bétharram”, un livre coécrit par le porte-parole du collectif des victimes de l’établissement scolaire catholique Notre-Dame de Bétharram
“Vous imaginez 80-100 gamins dans une salle, et aucun ne parle ?”
Elle qui a comparé ce pensionnat catholique à “une secte” et “un régime totalitaire”, a été victime de violences par l’abbé Lartiguet lors de ce camp d’été.
“Un soir, alors qu’on déballe nos sacs de couchage, Lartiguet me saisit tout d’un coup par les cheveux, il me traîne au sol sur plusieurs mètres et me roue de coups de poing, de coups de pied sur tout le corps, surtout dans le ventre. Il pesait environ 120 kg”, explique celle qui était alors âgée de 14 ans.
Hélène Perlant décrit un système de terreur où coups et agressions se déroulaient sous les yeux de tous, sans que personne ne parle : “La vraie question est celle du déni individuel et collectif. Pas du mensonge. Vous imaginez : 80-100 gamins dans une salle, et aucun ne parle ?”.
“Il ne sait pas que je suis victime”
Alors qu’une plainte vise aujourd’hui François Bayrou pour non-dénonciation de crime et délit, sa fille affirme qu’il n’était pas au courant : “Je suis restée trente ans dans le silence. En dehors de ça, pas une allusion, à personne. Mon père, j’ai peut-être voulu le protéger, inconsciemment, je pense, des coups politiques qu’il se prenait localement. Et il en prenait ! La violence a toujours été là, même lors de ses premiers mandats”.
François Bayrou qui n’était pas non plus au courant des violences subies par sa fille, aurait découvert sa participation au livre Le silence de Bétharram récemment, après avoir été contacté par Le Canard Enchaîné : “Il ne sait pas que je suis victime et il ne sait pas que je vais témoigner comme victime”, explique-t-elle à Paris Match.
Elle accuse l’Église d’avoir protégé les agresseurs, et la société d’avoir détourné le regard. Bétharram ? “C’était Sade dans la réalité”, rapporte Hélène Perlant.