Quatre mois après le cyclone Chido, Emmanuel Macron a annoncé ce lundi 21 avril 2025 à Mayotte un plan de “refondation” à 3,2 milliards d’euros. Face à l’urgence humanitaire, sociale et migratoire, le chef de l’État veut redessiner l’avenir de l’archipel. Que contient ce projet de loi ?
Le président français Emmanuel Macron, en visite lundi à Mayotte, encore meurtri par le passage dévastateur du cyclone Chido en décembre, y a annoncé une enveloppe de trois milliards d’euros sur six ans pour financer le plan de “refondation” du département, le plus pauvre de France.
“Refondation” de Mayotte
Quatre mois après le passage du cyclone dans cet archipel de l’océan indien, qui a fait quelque 40 morts et causé 3,5 milliards d’euros de dommages, le chef de l’État est venu faire “le constat de ce qui est bien fait, ce qui n’est pas assez bien fait” et “donner le cap”, a-t-il dit à sa descente d’avion, accompagné de son épouse Brigitte, des ministres des Outre-mer, de l’Agriculture, de la Santé et de la Francophonie.
“Mayotte a un avenir dans cette région si nous y mettons les moyens”, a-t-il déclaré devant des élus mahorais.
M. Macron arrive avec un projet de loi pour “la refondation” de l’archipel, qui vise à renforcer la lutte contre l’immigration clandestine, l’habitat illégal, l’insécurité et à soutenir l’économie locale.
L’enveloppe de ce plan sera de 3,2 milliards d’euros entre 2025 et 2031, selon la présidence, et son financement proviendra de “fonds nationaux”, mais aussi “européens” et de “bailleurs internationaux” qu’Emmanuel Macron a dit vouloir mobiliser.
Le texte de loi sera voté d'”ici l’été”, a-t-il promis.
Devant lui, plusieurs élus locaux ont fait état d’une situation très précaire, dénonçant le manque d’eau, l’inquiétude face à la progression du chikungunya, ou le retard pris par de nombreux dispositifs promis après le cyclone.
Emmanuel Macron a assuré que les prêts à taux zéro étaient “en train d’arriver” et invité les banques comme les assurances à s’en “tenir aux textes” sans “compliquer les choses pour ne jamais payer”. Il a également indiqué que la campagne de vaccination contre le chikungunya commencerait dès mardi.
Le chef de l’Etat qui avait promis en 2019 une piste longue à l’aéroport de Mayotte, sur Petite Terre, afin de faciliter l’atterrissage des gros porteurs, a concédé une impossibilité pour raisons techniques, et invité à s’en remettre à la solution alternative d’un nouvel aéroport sur Grande Terre.
Et alors que Mayotte est confrontée à un défi migratoire, notamment en provenance des Comores voisines, il a promis qu’en la matière, “d’ici un an, les choses auront profondément changé”.
“Plus de moyens”
Le président avait plus tôt rencontré des agents engagés dans la lutte contre l’immigration clandestine, montant à bord d’une vedette d’interception sur le canal du Mozambique.
Il s’est aussi rendu à Tsingoni (ouest) où il était déjà venu en décembre échanger avec des habitants en détresse.
“Le moral n’est pas tellement bon”, lance toutefois l’une d’elles. “Ma maison, y a plus rien”, dit une autre qui, enceinte, a trouvé refuge chez des amis. Une troisième se plaint du retard des assureurs. “On n’a toujours pas été relogés, pourtant je leur ai envoyé tous les papiers.”
Au centre hospitalier de Mamoudzou, l’inquiétude est aussi palpable. Il nous faut “plus de moyens, plus de personnel, et dans la durée”, dit une infirmière au président français.
Mayotte, où la cheffe de file de l’extrême droite française Marine Le Pen a réalisé un de ses meilleurs scores à la présidentielle de 2022 (59 % au second tour), reste aussi un enjeu politique majeur.
Le texte du projet de loi, très attendu depuis plusieurs années par les élus locaux, sera entériné dans la soirée par un conseil des ministres spécial que le chef de l’Etat présidera en visioconférence depuis l’avion qui le mènera ensuite à l’île française de La Réunion.
Le Parlement a adopté en février une loi d’urgence qui prévoit des assouplissements aux règles d’urbanisme et des facilités fiscales pour booster la reconstruction. Mais le processus patine et les habitations de fortune en tôle sont réapparues aussi vite qu’elles avaient été soufflées.
Environ un tiers de la population, soit plus de 100 000 habitants, notamment les personnes en situation irrégulière venant des Comores, vivent dans des logements précaires.
Mayotte, où le taux de chômage atteignait 37 % et le niveau de vie restait sept fois plus faible qu’ailleurs en France avant Chido, doit devenir une zone franche globale, avec des abattements fiscaux à 100 %.