Critique vis-à-vis de la politique de la Métropole, le député Jean-Louis Roumégas veut incarner un pôle écologiste et social aux élections municipales de 2026, en étant le candidat des Ecologistes-EELV.
Les écologistes partiront-ils unis aux municipales de 2026 ?
Mon objectif est de constituer une liste de rassemblement des forces de gauche, autour des valeurs écologiques et sociales. Car l’un ne va pas sans l’autre. Dans ce cadre, je suis candidat à la candidature pour représenter mon parti, “Les Écologistes – EELV”. La tête de liste sera choisie en juin par notre groupe local, qui a été renouvelé lors de l’assemblée générale, en janvier.
Les écologistes sont divisés entre ceux qui soutiennent Michaël Delafosse et ceux qui y sont opposés…
Pour avoir un poids important, nous devons constituer le cœur d’une majorité. Si on est une force d’appoint, on ne pèsera pas au niveau des choix stratégiques. On l’a vu avec l’incinérateur CSR (Combustion Solide de Récupération) qui est à la fois polluant, dangereux et coûteux : les élus écologistes de la majorité étaient contre mais ce projet est quand même passé. Ce dossier a même acté la rupture avec Michaël Delafosse. Nous allons d’ailleurs lancer une campagne pour qu’il y ait un moratoire sur ce projet.
Pour constituer une majorité autour de vous, il faut déjà être unis…
Sur les questions de fond, nous avons des positions assez unanimes. Je pense au Com (Contournement Ouest de Montpellier), un projet à la fois surdimensionné et d’un autre temps. Dans sa forme actuelle, il va attirer encore plus de trafic de transit et de camions. Il faudrait plutôt un boulevard urbain, avec des passages sous les ronds-points de Genneveaux et Rieucoulon.
Vous avez rejoint la mobilisation des 4 Boulevards…
Les riverains sont mobilisés depuis près de trois ans contre cette incohérence majeure en matière de mobilité. Alors que la Métropole dit qu’elle veut évacuer le trafic de transit de la ville, elle l’a remis sur les 4 Boulevards. C’est totalement illogique. Le maire a enfin annoncé qu’il recevrait les riverains mais j’espère que ce n’est pas pour les balader jusqu’aux municipales. Il faut une solution tout de suite, et elle passe par la réouverture d’Albert-Dubout.
Vous estimez que les citoyens ne sont pas assez écoutés ?
Ce vendredi 18 avril, j’ai remis la médaille de l’Assemblée nationale à trois acteurs engagés dans la vie de quartiers qui sont stigmatisés. C’est cette inégalité entre territoires qui me choque. Des budgets faramineux sont consacrés à la Comédie et à l’Esplanade, alors que des écoliers sont depuis des années dans des préfabriqués à Paul-Valéry.
N’y a-t-il pas une inégalité entre la Métropole et les territoires environnants ?
L’État a mis tous les moyens sur les Métropoles, au détriment des zones rurales qui se sentent aujourd’hui abandonnées. Il faut rééquilibrer cela. Des Montpelliérains sont contraints de déménager à plusieurs dizaines de kilomètres car ils n’ont plus les moyens de vivre dans leur ville. 300 000 voitures viennent chaque jour de l’extérieur de la Métropole. Le bassin de vie est beaucoup plus large que la Métropole, il faut réfléchir à des solutions à l’échelle de ce territoire.
Bio Express
Âgé de 62 ans et père de deux enfants, Jean-Louis Roumégas milite chez les Écologistes depuis une trentaine d’années.
En 2024, il a été élu député de la 1re circonscription de l’Hérault avec 55 % des voix au 2e tour, sous la bannière du Nouveau Front Populaire.
Il avait déjà occupé ce poste de 2012 à 2017, élu pour 88 voix.
Membre historique des Écologistes à Montpellier, il avait obtenu 12,5 % aux municipales de 2001, s’alliant ensuite à Georges Frêche au sein de la majorité municipale.
Il n’y a plus siégé depuis 2008, étant même sèchement battu en 2020 (1,61 %, loin derrière les deux autres listes écologistes).
“On veut une écologie qui parle à tout le monde”
Que vous inspire le PLUI qui a été voté à l’unanimité ?
Il n’est pas assez restrictif en matière de construction, pas assez ambitieux. On a l’impression que la Métropole est livrée aux bétonneurs. Le rôle du pouvoir politique est de préserver des espaces naturels et agricoles. Un des enjeux, c’est de relocaliser notre alimentation. Il faut construire la ville sur la ville et mettre un frein à l’extension, notamment vers le littoral. Avec la montée de la mer, Palavas sera une île en 2100.
La levée de boucliers contre les ZFE ne marque-t-elle pas un désaveu pour l’écologie ?
Je rappelle que nous étions contre la ZFE (Zone à faibles émissions) telle qu’elle était prévue dans la Métropole. Sur le principe, nous sommes pour, mais dans un périmètre restreint qui correspondrait au cœur de ville. Cette ZFE pénalise ceux qui n’ont pas les moyens de s’acheter une voiture neuve. On en revient à nos deux priorités : on ne veut pas d’une écologie qui ne soit pas sociale. On veut une écologie qui parle aux zones rurales, aux quartiers populaires et aux cœurs de ville.
Il n’y a rien de positif dans la politique écologique de la Métropole ?
Si, mais il manque une vision globale. Ça ne sert à rien de faire des pistes cyclables et une 5e ligne de tramway si on continue à urbaniser et donc à attirer des voitures. Ce qui manque, c’est aussi de la concertation. Dans les grandes villes dirigées par des maires écologistes, il n’y a pas eu autant de brutalité dans les travaux.