Sans surprise, le durcissement du droit du sol à Mayotte n’est, pour la droite réactionnaire, qu’une première étape avant sa généralisation. L’archipel de l’océan Indien sert de laboratoire, comme l’ont confirmé, ce dimanche 13 avril, les propos de Bruno Retailleau. Le ministre de l’Intérieur a affirmé, sur LCI, qu’il souhaite « faire en sorte que le droit du sol ne soit plus automatique dans la métropole ».
« On ne doit pas être français par le hasard d’une naissance, être français ça se mérite », a-t-il ajouté sur le réseau social X. Bruno Retailleau s’assoit une nouvelle fois sur les principes d’égalité devant la loi et d’indivisibilité de la République, dont le droit du sol est un élément fondamental, à l’œuvre depuis la première Constitution républicaine de 1791.
« Le droit du sang correspond plus à l’époque »
Aujourd’hui, un enfant né en France de parents étrangers, et résidant dans le pays depuis au moins cinq ans, obtient automatiquement la nationalité française à l’âge de 13 ans, qu’il l’ait demandée ou non. Bruno Retailleau veut mettre fin à cette automaticité, pense « qu’il faut que ce soit un acte volontaire » auprès de l’administration et estime que « le droit du sang correspond plus à l’époque ».
À Mayotte, depuis 2018, les enfants nés sur place doivent avoir un parent résidant de manière régulière sur le sol français depuis au moins trois mois au moment de la naissance pour obtenir la nationalité. Le 8 avril dernier, sénateurs et députés ont encore durci le dispositif, étendant ce délai à un an et à la nécessité de justifier de deux parents résidents.
Bruno Retailleau s’est dit « plutôt favorable » à l’extension de ces durcissements à l’ensemble du territoire français. S’il est évident que le ministre de l’Intérieur est engagé dans une course à l’échalote identitaire avec son rival Laurent Wauquiez pour la présidence de LR, il s’inscrit également dans la droite ligne de la politique anti-immigration du RPR des années 1980. L’acquisition de la nationalité française par un « acte volontaire » était déjà portée par l’ancêtre de LR et son ministre de l’Intérieur de l’époque, Charles Pasqua, auquel Bruno Retailleau fait souvent référence.
Le retour du débat sur l’identité nationale
Portée par Jacques Chirac en 1987 mais refusée par le Conseil constitutionnel, cette proposition est finalement adoptée en 1993 par la loi Pasqua-Debré, avant que le droit du sol ne soit rétabli dans son entièreté cinq ans plus tard, après la victoire de la gauche aux législatives de 1997.
« La France, vieux pays d’intégration républicaine, s’est construite par sédimentation, creuset donnant naissance à un alliage d’autant plus fort que ses composantes étaient diverses. C’est pourquoi le droit du sol est consubstantiel à la nation française », défendait alors le premier ministre socialiste Lionel Jospin.
La question du droit du sol n’est du reste pas le seul jalon conservateur posé par Bruno Retailleau. Sur LCI toujours, l’homme de Beauvau a annoncé avoir confié l’ouverture d’un débat sur l’identité nationale au Conseil économique, social et environnemental.
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