« Ils ont deux étages à faire en cinq heures de temps, c’est presque mission impossible », s’insurge Paul (le prénom a été modifié) aux côtés d’une vingtaine de manifestants sous le soleil parisien, place Gambetta devant la Mairie du 20e arrondissement.
Chef d’équipe au sein de la société prestataire de services Maintenance Industries, choisie en novembre 2023 par la Direction régionale des finances publiques à Paris (DRFIP) pour assurer le nettoyage de ses locaux, il est en grève depuis sept semaines avec ses collègues pour dénoncer des conditions de travail indignes et des salaires qui ne suivent pas la charge de travail. « On est déterminés à poursuivre la lutte jusqu’au bout », assure l’agent de nettoyage.
« La plupart des salariés ont des temps partiels imposés au SMIC horaire, ce qui fait des moitiés de SMIC. Les salariés exigent, donc, plus d’heures de travail », abonde Fabrice Egalis de la CGT Finances publiques. La société, qui a obtenu 3 millions d’euros pour réaliser le nettoyage (soit plus du double que le montant obtenu par le sous-traitant précédent sur le même marché), n’aurait pas tenu la promesse faite à la DRFIP de doubler le nombre d’heures des agents. « Les finances publiques sont responsables d’avoir choisi une société qui ne respecte pas le droit du travail. Aucune heure n’a été doublée, déplore le syndicaliste. Après un mois et demi de grève, la direction n’a prévu aucune réponse à des revendications connues depuis le début. Ni sur la prime de blanchissage, ni sur la prime de chantier, ni sur des heures de travail en plus. »
Travaux pénibles
Au-delà de ces revendications, les salariés demandent une prime de blanchissage de 25 euros pour le nettoyage du vêtement de travail, une prime de remise en l’état lors de la reprise pour tous les grévistes, ainsi qu’une prime de chantier de 25 euros pour les horaires décalés et la pénibilité, « certains travaillent de 16h à 19h, ou de 7h30 à 10h30. On estime qu’ils méritent une prime de pénibilité pour horaires décalés et travaux pénibles. Le ménage est dur. En réalité, c’est un travail de 7 heures qu’ils doivent faire en 3 heures. Ils sont cassés », témoigne encore Fabrice Egalis.
Alors que les grévistes ont réclamé une rencontre avec la direction de Maintenance Industrie à 16 heures le jour même, la société a exceptionnellement fermé dans la foulée. Une délégation de grévistes sera finalement reçue une deuxième fois ce vendredi 11 avril à 14 heures par la direction de la société à la suite d’une première rencontre infructueuse (après 6 semaines de grève), le 4 avril.
Paul estime néanmoins qu’ils sont sur la bonne voie, « si on a pu obtenir cette deuxième entrevue, c’est qu’ils commencent à céder. On espère pouvoir reprendre le boulot au plus vite. Ne pas avoir de salaire pendant plusieurs semaines, c’est compliqué ». Contactées par l’Humanité, la DRFIP et la société Maintenance Industries n’ont pas répondu à nos sollicitations.
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