Quimperlé (Finistère), sa ville basse sur les bords de la Laïta, sa ville haute autour de la place Saint-Michel… et son usine Bigard, siège d’une entreprise familiale d’abattage de bétail et de transformation de viande devenue un quasi-monopole agro-industriel dans son secteur, à coups d’acquisitions de concurrents et de rationalisation de la production. C’est à ce capitalisme breton taiseux que l’on doit l’idée des pauses pipi à horaires imposés. Cela pose les conditions de travail.
Voilà vingt-sept ans que Xavier Morvant se rend dans ses vastes hangars gris et blancs. Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il crachine, le site ne s’arrête jamais. Pas même en temps de pandémie. Il y a cinq ans, l’ouvrier d’abattoir avait fait partie de tous ces travailleurs dits « de deuxième ligne », non soignants, mais essentiels à la continuité du fonctionnement de l’économie. Et si une nouvelle épidémie se met à se propager dans l’Hexagone, il prendra quand même le chemin de l’usine, comme une bonne partie de ses 1 400 collègues.