L’annonce a des allures de mauvaise blague. Dans un courrier envoyé aux organisations syndicales, le Conseil départemental de Haute-Garonne a annoncé la suspension « à titre conservatoire » de leurs boîtes mails, leur permettant notamment de transmettre leurs communiqués aux 7 000 agents de la collectivité. La raison invoquée ? « L’impact sur la santé et la sécurité des agents de la multiplication de messages anxiogènes transmis à l’ensemble des agents de la collectivité par les organisations syndicales », détaille la missive.
« Quand j’ai ouvert le courrier chez moi, c’était tellement énorme, que j’ai d’abord cru lire une nouvelle du Gorafi. Ce n’est pas possible qu’on en arrive là », s’émeut Cédric Caubère, secrétaire de l’union départementale de la CGT 31 (premier syndicat au sein du Conseil départemental, NDLR), pour qui « la situation serait risible si elle n’était aussi grave ».
Saignée budgétaire et suppression de 400 CDD
Face à la saignée budgétaire estimée à 65 millions d’euros et la suppression d’environ 400 CDD, les organisations syndicales dans une démarche unitaire forte multiplient, depuis décembre 2024 et les premiers débats autour des restrictions budgétaires, grèves et mobilisations massives. La décision du Conseil départemental apparaît dès lors comme une tentative de casser le thermomètre, plutôt que de tenter de répondre de façon appropriée à leur colère.
Ce dernier, qui a répondu à France 3 Occitanie, justifie cette décision par le constat « depuis plusieurs mois d’une multiplication abusive des envois de mails aux agents par certaines organisations syndicales », estimant que « certaines informations sont clairement erronées » et que des agents « ont alerté sur le caractère anxiogène de ces envois massifs, préjudiciables pour la sérénité de leur travail ».
« Quand on est dans un contexte aussi dramatique, ce qui est anxiogène pour les agents, c’est de voir leurs emplois supprimés alors que certains sont là parfois depuis plusieurs années et ceux qui restent, mais ne savent pas comment ils vont faire pour fournir la même quantité de travail avec plusieurs collègues en moins. On en est là », s’insurge le secrétaire de l’union départementale de la CGT 31.
Retour aux vieilles méthodes syndicales
Concrètement, les élus syndicaux, dans l’incapacité d’avoir accès à leur adresse mail, devront faire à l’ancienne, en recourant à l’affichage sur des panneaux ou à la distribution des tracts. Ce qui, dans une collectivité aussi vaste comptant, au-delà du siège, des agents éparpillés sur une multitude de sites : collèges, maisons de la solidarité, routes… « Allez distribuer des tracts à 7 000 agents dans un département qui, du Nord au Sud, impose au moins deux heures de route », raille Cédric Caubère.
Si les tentatives d’obstruction à la lutte syndicale sont devenues monnaie courante dans les entreprises, le syndicaliste déplore qu’elles aient cours dans une collectivité tenue par la gauche (Parti socialiste) qui est, de surcroît, par ses prérogatives, chargée des questions sociales.
La CGT, aux côtés de Sud, FO et de la CFDT, a annoncé dans un tract intersyndical, saisir le tribunal administratif contre « cette censure » et compte encore, toujours selon Cédric Caubère, sur un retour à la raison du Conseil départemental, espérant le voir prendre conscience qu’il s’est fourvoyé car « au lieu de calmer les choses, cette décision grotesque ne fera que les envenimer. »
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