Gino, encore et toujours, jusqu’à la liberté. Rexhino Abazaj sur ses papiers, Gino dans la vie, c’est ce jeune antifasciste de nationalité albanaise, mais qui a vécu toute sa vie en Italie et en Finlande, et est accusé d’avoir commis des violences contre des militants néonazis en février 2023 à Budapest.
Et ça nous concerne sur le fond, sur les libertés politiques et sociales, sur le renversement terrible à l’œuvre où des skinheads déguisés en SS finissent par être présentés comme des « minorités » qui pourraient être ciblées par des « crimes de haine », comme nous le décrivait sa camarade Ilaria Salis, élue eurodéputée après 15 mois dans les geôles de Viktor Orbán. Mais c’est notre affaire aussi, parce que c’est à la France de décider du sort de Gino : la Cour d’appel de Paris doit, ce mercredi 12 mars, continuer l’examen du mandat d’arrêt européen délivré à son encontre par la justice hongroise.
L’Humanité avait pu rencontrer Gino. dans sa cellule de Fresnes (Val-de-Marne), début février, à la faveur d’une visite parlementaire de deux députés LFI, Thomas Portes et Raphaël Arnault. Alors que son comité de soutien s’est encore élargi, avec la présence, lors de la dernière conférence de presse, des élus Damien Carême, Sandrine Rousseau, Elsa Faucillon et toujours de l’écrivain Éric Vuillard, la discussion s’est poursuivie par le biais d’une lettre de 8 pages reçue à la rédaction.
Dans ce courrier, rédigé majoritairement en italien et un peu en français, Gino évoque son quotidien en prison, ses espoirs en France et la terrible menace que constitue la Hongrie, pour lui, bien sûr, mais au-delà. En voici ci-dessous de très larges extraits.
La solidarité passe les murs de la prison
« À Fresnes, il y a de la désorganisation, ça peut être énervant : j’ai attendu longtemps avant de pouvoir téléphoner à ma petite copine… On en avait parlé déjà pendant la rencontre dans ma cellule lors de la visite des députés Thomas Portes et Raphaël Arnault, début février. Mais au-delà, ça va mieux que juste après mon arrestation, il y a quatre mois, parce que la solidarité a été déclenchée tout de suite.